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Courrier International | Cambodge. Gros coup dur pour la presse indépendante

La publication d’une enquête sur le nouveau propriétaire du Phnom Penh Post déclenche démissions et limogeages en cascade au sein du journal. Une saignée dans l’un des derniers journaux indépendants du pays.

 

 

 

Après la disparition en septembre 2017 du Cambodia Daily, c’est aujourd’hui au tour du quotidien The Phnom Penh Post d’être pris dans une tourmente éditoriale : un nouveau coup dur pour le débat démocratique au Cambodge à quelques mois des élections législatives, prévues le 29 juillet.

 

Créé en 1992 alors que le pays était encore sous administration onusienne, le journal vient d’être vendu à Sivakumar Ganapathy, un investisseur malaisien.

 

Souvent considéré comme l’un des derniers titres indépendants en anglais, The Phnom Penh Post s’est aussitôt fendu, dans son édition du 7 mai, d’une enquête sur son nouveau patron.

 

“En temps normal, la vente d’un journal ne devrait avoir aucun effet sur la politique éditoriale”, y affirme notamment Ed Legaspi, le directeur de l’Alliance de la presse d’Asie du Sud-est (“Southern Asian Press Alliance”, Seapa), avant d’ajouter: Nous sommes assez inquiets à l’idée que cela puisse arriver au Phnom Penh Post.”

Une crainte prémonitoire : le nouveau propriétaire du Phnom Penh Post ayant immédiatement demandé le retrait de l’article.

 

Dans l’enquête détaillant le parcours de son nouveau propriétaire, The Phnom Penh Post note que ce dernier “dirige une entreprise de relations publiques qui a travaillé pour le gouvernement du Premier ministre Hun Sen”.

 

Démissions à la chaîne sur Twitter

Un travail conduit il y a plus de 25 ans, soutient le patron de presse dans un communiqué. Dans le document qui met en cause la qualité du journalisme mené par ses propres employés, il demande la démission de deux d’entre eux et du rédacteur en chef du journal.

Depuis, les comptes Twitter des journalistes du Phnom Penh Post rapportent les informations affectant leur rédaction. Certains en profitent même pour annoncer leur démission, comme l’un des auteurs de l’article sur Sivakumar Ganapathy…

 

… ou le responsable des pages économiques du journal, Brendan O’Byrne.

C’est aussi via ce réseau social qu’a été annoncé le limogeage du rédacteur en chef du quotidien, Kay Kimsong.

 

 

The Phnom Penh Post est connu pour ses enquêtes et ses reportages décrivant les réalités sociales, l’implication des élites politiques dans les scandales de corruption ou de déforestation et les dérives autoritaires du régime. Il a permis de former de nombreux journalistes cambodgiens.