Frère François, de Taizé (1929-2018)

Frère François (ici à droite), aux côtés de frère Aloïs, prieur de la Communauté de Taizé.
Frère François (ici à droite), aux côtés de frère Aloïs, prieur de la Communauté de Taizé.

Le jeudi 18 octobre 2018, au cours de la prière du soir, frère François (89 ans) a fait un malaise et est décédé. C'est dans cette même église où il se rendait tous les jours pour prier le Seigneur qu'il a rendu son âme à Dieu.

 

Je rends grâce au Seigneur de m'avoir donné la chance de rencontrer frère François. C'était l'été après ma 3e année de séminaire, un été où j'ai passé 4 semaines à Taizé pour discerner une éventuelle vocation monastique dans cette communauté que j'aime tant. Lors de la dernière semaine vécue en silence, j'ai rencontré frère François chaque jour pour un accompagnement spirituel. Depuis, à chaque fois que je suis retourné à Taizé pour ma retraite en silence annuelle, j'ai eu le bonheur d'être écouté et conseillé par frère François. Il m'aidait à porter un regard différent sur mon ministère et sur ma vie d'homme, de chrétien, de prêtre. Avant de venir au Cambodge, je lui avait écrit, et sa réponse, belle et simple, m'avait beaucoup touché.

 

Venu des Pays-Bas, d'origine protestante, frère François était rentré très tôt dans la Communauté de Taizé. Il a au cours des années accompagné et formé de nombreux frères. C'est à lui que les frères avaient demandé de prendre la parole suite au décès brutal de frère Roger. Il avait aussi écrit une très belle réflexion sur la mort de frère Roger (voir ici).

 

Voici ce que la Communauté de Taizé a publié sur son site internet :

"Sieds Stoop qui, en entrant dans la communauté de Taizé en 1951, a pris le nom de frère François, est né le 11 août 1929 à Leeuwarden, province de Frise, au nord des Pays-Bas.

 

Son père était avocat. Il avait deux frères, décédés avant lui. Membre de l’Église réformée des Pays-Bas, il a fait des études de théologie à Utrecht, puis à Genève où il a soutenu sa thèse de fin d’études sur « la retraite spirituelle » en juillet 1954.

 

A son époque, le temps de préparation était court : après un an et demi, à Pâques 1953, il s’est engagé pour la vie comme frère de Taizé. Il était encore très jeune lorsque frère Roger lui a confié des responsabilités importantes. Dès la fin de l’année 1953, il a commencé à faire de fréquentes visites à la communauté des sœurs de Grandchamp, en Suisse, dont il a accompagné l’évolution jusqu’à la fin de sa vie. A partir de 1954, la charge de la préparation des nouveaux frères de la communauté de Taizé lui a été remise, charge qu’il a assumée pendant des décennies, avec le discernement exceptionnel qui lui était donné.

 

En 1956, selon la coutume qui était alors celle des frères ayant reçu vocation pastorale avant de rejoindre la communauté, frère François est allé faire un stage dans la paroisse luthérienne de Chagey, au Pays de Montbéliard, où il a été consacré pasteur en 1957.

 

Tout au long de sa vie, il a eu de multiples échanges avec prêtres, pasteurs, religieux, religieuses de divers pays qui ont ainsi bénéficié de son expérience pastorale.

 

Passionné par l’étude de la Bible, il est devenu connaisseur exercé des textes de l’Écriture et des recherches exégétiques modernes. Il savait par exemple lire et expliquer avec finesse les béatitudes (Matthieu 5). Il a résumé toute une longue vie de méditation spirituelle de l’Écriture Sainte dans un petit livre, Suivre le Christ et se faire disciple – Réflexions bibliques (Les Presses de Taizé)

 

Il était musicien, flûtiste déjà dans l’orchestre des étudiants de Utrecht, puis organiste à Taizé. Il a composé plusieurs des chants de Taizé."

 

Au cours des funérailles, frère Aloïs, prieur de la Communauté de Taizé, premier successeur de frère Roger, a prononcé cette prière :

 

Dieu de tous les humains, nous te confions notre frère François, tu l’accueilles maintenant dans la vie en plénitude.

 

Sa vie a porté beaucoup de fruit. Tout jeune encore, tu l’as appelé à quitter son pays, les Pays-Bas, et à rejoindre la communauté. Toujours, il a soutenu frère Roger dans les évolutions et les changements que la communauté a connus, sachant que dans notre aventure commune tu nous invites à aller de commencement en commencement. Toujours il a été animé par la passion de l’unité du Corps du Christ, ton Église.

 

Oui, sa vie a porté beaucoup de fruit. Tu lui as donné d’accompagner tant de personnes, avec une compréhension pour les situations humaines les plus diverses. Par sa présence discrète et fidèle, il a encouragé ceux qu’il a écoutés à consentir aux maturations nécessaires dans leur existence. Et il a su communiquer sa sensibilité profonde à la beauté, dans l’art, la musique, la nature.

 

Son amour pour ta Parole a marqué notre communauté. Il s’est laissé guider par le Christ ressuscité. Il a compris cette parole de Jésus : « Je vous appelle amis », et il a si bien transmis la confiance qu’elle signifie. Cette amitié de Jésus est plus forte que le mal qu’il peut y avoir dans une vie humaine et dans le monde.

 

Dieu de tout amour, nous te louons pour la vie de notre frère François : elle a porté beaucoup de fruit, un fruit qui demeure.

Quelques ouvrages de frère François

"Le don d'une présence", avec frère Pierre-Yves (2002)

ISBN : 9782850401985

 

"Contempler pour mieux cheminer vers la foi."

"Le pain du silence, c'est la parole" (Cahiers de Taizé n°8)

 

"Lire la Bible pour soi-même, pourquoi faire cela ? Que cherchons-nous d’unique dans ce livre ? Qui lit la Bible sent qu’il ne peut rester à distance. Si le Cœur de Dieu s’y révèle, c’est qu’il cherche notre cœur. Et le peu que nous avons compris prend pour nous une telle évidence et une telle urgence que nous le portons désormais au-dedans de nous et que nous ne pouvons plus que le mettre en pratique."

Télécharger
Le pain du silence, c'est la parole (Cahiers de Taizé n°8)
cahiers8fr_web.pdf
Document Adobe Acrobat 57.0 KB

"Suivre le Christ et se faire disciple"

(2014)

ISBN : 9782850403767

 

"Réflexions, à la lumière des Evangiles, sur l'importance pour le croyant de vivre selon l'exemple du Christ et sur son rôle dans la propagation de la foi."

"Le Christ est-il divisé ?" (Cahiers de Taizé n°13)

 

"Le rapprochement entre chrétiens de différentes confessions souffre

actuellement d’une stagnation. Depuis 50 ans le positionnement des Églises les unes par rapport aux autres a changé : en dépit du peu de progrès dans la réalisation d’une pleine reconnaissance réciproque, la conscience d’une unité fondamentale entre tous est devenue plus forte.

Est-il possible de s’inspirer davantage de cette unité donnée et, à partir d’elle, de regarder encore autrement tous ceux qui se réclament du même Christ ?"

Télécharger
Le Christ est-il divisé ? (Cahiers de Taizé n°13)
cahiers13fr_web.pdf
Document Adobe Acrobat 61.3 KB