Il fait sombre sur Hiroshima
Est-ce un brouillard de honte sur le front du ciel
qui a vu en un dixième de seconde
deux cent mille hommes, de leur vie, déshabillés ?
Est-ce une usine qui crache en fumée
le travail des usurpateurs ?
Est-ce la nuit de mon cœur,
volcan réveillé où bouillonne une sourde révolte ?
Il fait sombre sur Hiroshima
Où êtes-vous les morts ?
Je regarde et je ne vous vois pas
J’écoute et je ne vous entends pas.
J’entends le bruissement de la ville
J’entends des pas
J’entends des voix
J’entends des rires
J’entends le million de vivants
qui marche sur vos cendres.
Où êtes-vous les morts ? Réveillez-vous ! Parlez !
Venez nous dire la chaleur de l’éclaire
l’odeur du soufre
le goût de la cendre
Venez achever la phrase commencée
remplir le verre que vous alliez remplir
donner le baiser que vous allier donner
Peuple interrompu, effacé
poussière
ombre
nuit
néant
Silence des morts
Silence de Dieu
Pourquoi vous taisez-vous les morts ?
Je veux entendre votre voix !
Criez ! Hurlez !
Dites-nous c’est injuste !
Dites-nous que nous sommes fous !
« Même si quelqu'un ressuscite d’entre les morts
ils ne seront pas convaincus ! » (Luc 16, 31)
Terre d’Hiroshima garde-les donc tes morts !
Mais Toi, mon Dieu,
effrayant Dieu silencieux, sur ta croix crucifié,
Parle !
Hurle !
Réveille-nous !
Dis-nous qu'il faut aimer !
« Après avoir, à bien des reprises
et de bien des manières parlé jadis aux Pères
par les prophètes, Dieu, en cette fin des jours,
nous a parlé par son Fils... » (Hébreux 1,1 et 2)
C’est fait.
Jésus, toi non plus, tu ne parlera plus ?
« Il ne répondit plus rien » (Marc 14,61)
Le train roule, roule, roule...
Autour de moi des hommes rient, rient, rient...
Mon cœur a envie de vomir
et mon corps... envie de DORMIR
Je ferme les yeux
« Vous n’avez pas pu veiller
une heure avec moi ! » (Matthieu 26,40)
...
IL FAIT NUIT SUR HIROSHIMA
Michel Quoist.
Frères,
L’amour prend patience ;
l’amour rend service ;
l’amour ne jalouse pas ;
il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
il ne fait rien de malhonnête ;
il ne cherche pas son intérêt ;
il ne s’emporte pas ;
il n’entretient pas de rancune ;
il ne se réjouit pas de ce qui est mal,
mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
il supporte tout, il fait confiance en tout,
il espère tout, il endure tout.
L’amour ne passera jamais.
Un jour, les prophéties disparaîtront, le don des langues cessera,
la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra.
En effet, notre connaissance est partielle,
nos prophéties sont partielles.
Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaîtra.
Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant,
je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant.
Maintenant que je suis un homme,
j’ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant.
Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir,
ce jour-là, nous verrons face à face.
Actuellement, ma connaissance est partielle ;
ce jour-là, je connaîtrai vraiment, comme Dieu m’a connu.
Ce qui demeure aujourd'hui,
c’est la foi, l’espérance et la charité ;
mais la plus grande des trois, c’est la charité.
St Paul (1ère Épître aux Corinthiens 13, 4-13)