Chers amis,
Cette semaine a été très riche en émotions, car dimanche j'ai célébré pour la dernière fois les messes dominicales à Areyksat et Po Thom. Dimanche prochain, je célébrerai la messe à la paroisse St Joseph de Phnom Penh, où il y aura aussi une petite fête d'au-revoir.
Dans les différents lieux où j'ai servi, les témoignages de gratitude sont très touchants, même si parfois je me demande si je mérite bien tous ces remerciements ! En effet, même si le prêtre est le pasteur de la communauté, il y a peu de choses qu'il fasse seul, et c'est bien plus souvent un travail collectif. C'est ce que j'aime à redire dans les différentes occasions ces dernières semaines, pour encourager les chrétiens à vivre cette transition, occasionnée par mon départ, comme l'occasion d'un renouveau aussi dans la vie paroissiale, avec l'arrivée d'un nouveau prêtre, pour une phase de transition de 3 mois, puis une nouvelle nomination qui arrivera pour Janvier 2024.
Cette semaine a été ainsi l'occasion d'une multitude de célébrations et de festivités !
Mercredi soir, à Areyksat, nous avons eu la remise des prix des classes de catéchèse pour l'année écoulée. Cela m'a permis de dire un dernier petit mot à tous les enfants du caté... Je réalise à quel point le temps est relatif, suivant l'âge que l'on a !!! J'ai été en poste sur ces paroisses pendant 4 ans et 4 mois... et si c'est important, ce n'est pas du tout la même chose quand on a 49 ans ou quand on a 8 ou 9 ans ! Pour un certain nombre d'enfants du caté, ils ne se souviennent même pas du prêtre avant moi ! L'évolution n'est vraiment pas la même dans nos vies en 4 ans et 4 mois quand on passe de 45 à 49 ans, ou quand on passe de 12 à 16 ans !
Et puis, il y a eu pendant ces années la pandémie de Covid-19 qui nous a tous surpris. J'ai voulu autant que possible rester en place, rester en poste, même si pendant de nombreux mois cette présence était plus de l'ordre du symbole, et que les règles imposées par le gouvernement nous empêchaient de faire quoi que ce soit. Mais cela a visiblement touché les paroissiens que je sois resté avec eux, à célébrer la messe jour après jour, dans l'église du village, même s'ils n'avaient pas le droit d'entrer dans l'église pour y participer. J'ai pu aussi pendant cette période célébrer des sacrements (parfois en cachette, mais toujours avec les précautions sanitaires adaptées), parce que la vie continuait : mariages, baptêmes...
Quand j'ai demandé à Mgr Scherrer, comme je l'avais évoqué avec Mgr Maillard dès mon entrée au séminaire, de pouvoir venir servir pendant quelques années l'Église du Cambodge, j'avais au cœur le désir de me mettre au service de l'Église qui m'avait aidé à découvrir ma vocation, à ouvrir mon cœur à l'appel de Dieu à devenir prêtre. D'une certaine façon, je voulais "rendre" quelque chose, rendre service à cette Église. Mais une fois de plus, j'ai le sentiment de repartir avec une dette encore plus grande que quand je suis arrivé ! Ces années ont été très riches, et il me faudra sans doute plus de recul, une fois rentré en France, pour le mesurer. Les Églises du Cambodge et de France font face à des défis bien différents, dans des contextes sociologiques, politiques, économiques... très très différents. Mais j'espère que ces quelques années d'expérience ici pourront aussi porter du fruit dans le contexte de l'Église de Laval que je rejoindrai dans quelques jours.
Jeudi soir, après la messe à Po Thom, j'ai confessé tous les enfants du caté, en particulier ceux qui ont fait leur première communion cette année. Après cela, je suis allé dîner à l'école de La Salle, invité par les frères et les sœurs des Écoles Chrétiennes qui m'avaient invité. Par ce dîner ils voulaient me remercier, mais cela a été pour moi aussi l'occasion de les remercier de leur présence, de leur implication dans la vie de la paroisse, et de les inviter à poursuivre ! J'ai appris que le responsable du groupe des jeunes, qui enseigne actuellement dans une école privée de Phnom Penh, prendra un poste dans les tous prochains mois à l'école de La Salle ! Il pourra ainsi travailler tout près de chez lui, et être un relai encore plus efficace entre la vie de la paroisse et la vie de l'établissement. J'ai aussi appris une autre bonne nouvelle : la mise en chantier de la construction d'un nouveau bâtiment (construction prévue de longue date, mais empêchée par le Covid-19). Cela veut dire que l'école continue sont expansion pour ouvrir de nouveaux niveaux au fur et à mesure où leurs élèves grandissent. Avec ce nouveau bâtiment, c'est l'équivalent de la classe de 6e qui va s'ajouter à l'école maternelle et primaire... l'objectif à terme étant d'aller jusqu'au bac !
Vendredi soir, après la messe, c'était le tour de la paroisse d'Areyksat d'organiser un dîner en mon honneur, pour me dire merci : une tente avait été dressé au-dessus de la rue qui passe devant l'église, et c'est près d'une centaine de convives qui se sont rassemblés... avec aussi un DJ et un grand écran pour le karaoké ! Je n'ai pas pu y couper, il a fallu que je chante ("Aline", de Christophe, qui est très connue aussi au Cambodge) !
Samedi matin, après la messe de 7h, j'ai célébré dans la même célébration les deux derniers mariages, qui étaient un peu atypiques : un couple de trentenaires, ayant déjà cinq enfants, et un couple d'aînés (71 et 73 ans). Dans les deux couples, l'homme est catholique et la femme bouddhiste. Dans le premier cas, après s'être mis en couple, et en ayant fait baptiser et catéchiser tous ses enfants, l'homme a fait un chemin de foi plus personnel et a demandé à la religieuse de lui refaire du caté, et à faire une préparation au mariage. Dans le cas des personnes âgées, ils sont veufs tous les deux, et le monsieur ne pouvait pas concevoir de vivre ensemble sans être mariés. Depuis qu'ils se sont installés sur la paroisse il y a quelques mois, il avait demandé à pouvoir se marier pour pouvoir continuer à recevoir la communion... Ce qu'il a recommencé à faire dès dimanche matin, au lendemain de leur mariage. Belle fidélité à l'Église et à ses sacrements !
Mais cette journée de samedi était aussi marquée par un autre événement : l'organisation par la paroisse d'Areyksat d'un tournoi de foot inter-paroissial ! Depuis plusieurs années, plusieurs paroisses (surtout vietnamiennes) organisent régulièrement des tournois de foot, et il était venu le tour d'Areyksat... ils ont voulu absolument le faire avant que je parte, et j'ai même eu droit à ma photo sur la banderole de l'événement ! L'équipe d'Areyksat a obtenu la 2e place, et j'ai essayé de réconforter les joueurs comme j'ai pu, car j'ai senti qu'ils auraient vraiment voulu gagner ce tournoi pour eux, mais aussi pour moi...
Dimanche, j'ai donc célébré mes dernières messes dominicales à Areyksat et Po Thom, puisque le P. Gianluca commencera dimanche prochain, le P. Chatsirei m'ayant demandé de venir présider la messe à la paroisse St Joseph dimanche 24 septembre. Après la messe de Po Thom, nous avons donc eu, comme à Areyksat, un repas tous ensemble pour se dire au-revoir... J'ai été très touché par les enfants, les ados et les jeunes qui avaient préparé des danses et des chants, ainsi que par les cartes composées et signées par les jeunes. Il y a eu beaucoup d'émotions, quelques larmes aussi... Comme pour les enfants et les jeunes d'Areyksat, pour beaucoup de ces enfants et de ces jeunes, voir partir le prêtre qui les a accompagnés et soutenus pendant ces 4 ans et 4 mois est un peu difficile, et parfois source d'inquiétude face à l'avenir. J'ai fait de mon mieux pour les réconforter et les rassurer...
Bref, beaucoup d'émotions pour eux comme pour moi... ces étapes, ces transitions dans la vie sont toujours un peu difficiles à vivre pour tout le monde, même si elles sont inévitables. Toutes ces personnes, tous ces visages, tous ces moments de vie, de joies et de peines, font définitivement partie de moi désormais, et je ne les oublierai pas, c'est certain !
Je vous partage ci-dessous des photos des différents événements de la semaine, en vous disant à la semaine prochaine pour mon dernier billet de blog cambodgien !
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