#225 Lundi 24/04/2023

Le 16 avril 2008, des pêcheurs repêchaient au fond du Mékong une statue en fonte de Notre-Dame de Lourdes, fabriquée probablement dans les années 1920-1930 à Vaucouleurs, dans la Meuse. Dans cette paroisse d'Areyksat, dont l'église était déjà consacrée à Marie, Reine de la Paix, cette découverte a été vue comme un signe d'élection de la paroisse par la Vierge Marie, signe renforcée 4 ans plus tard par la découverte providentielle d'une deuxième statue, ainsi que par des guérisons obtenues par l'intercession de Marie, Notre-Dame du Mékong, comme le Pape Benoît XVI l’appellera dans un message vidéo adressé aux chrétiens du Cambodge le 7 janvier 2013, quelques semaines avant sa renonciation.

Chaque année en avril, nous célébrons donc l'anniversaire de la découverte de la 1re statue, et la messe solennelle est présidée en alternance par le Préfet apostolique de Battambang et par le Préfet apostolique de Kompong Cham. Cette année, c'était le tour de Mgr Enrique Figaredo, sj, Préfet apostolique de Battambang, qui n'était pas venu depuis 4 ans, puisqu'il y a 2 ans, en plein Covid, tout avait été annulé. Il était très heureux de revenir à Areyksat, célébrer avec près de 2000 personnes venues du Cambodge et du Vietnam. J'étais moi aussi très heureux de l'accueillir, lui que je connais depuis 25 ans, alors qu'il était un jeune prêtre jésuite près de Phnom Penh, au centre "Banteay Prieb" pour les personnes handicapées.

Quand nous avons ces grandes célébrations, nous installons des barnums tout autour de l'église, et sur la rue, pour permettre aux fidèles de participer à la messe tout en étant à l'ombre... surtout en ces semaines où les températures sont particulièrement élevées : les 40°C à l'ombre sont atteints presque tous les jours. Vous imaginez bien que cette célébration et l'accueil de tous ces pèlerins demande une grosse organisation en amont, mais tout est bien rodé, depuis 15 ans, et chacun sait ce qu'il a à faire : je m'occupe de préparer la liturgie, les sœurs s'occupent de la décoration florale, et de la préparation des chants avec la chorale/groupe de jeune, et les hommes du comité paroissial s'occupe de l'installation des barnums, des chaises, des ventilateurs, de vérifier qu'il y a de l'essence dans le générateur (en cas de coupure d'électricité), et qu'il y aura assez de bouteilles d'eaux pour tout le monde ! Une fois de plus, tout c'est parfaitement bien passé, avec en plus cette fois une très belle danse qui a été exécutée à la fin de la messe par les danseuses de la paroisses de Tahen, près de Battambang, venues avec leur évêque.

Plus tôt dans la semaine, nous avons eu le passage d'un grand groupe de religieuses et de prêtres du Vietnam, qui sont venu en pèlerinage, et nous avons eu aussi plusieurs groupes plus petits... J'ai une excellente équipe de jeunes servants d'autel qui s'organise pour servir à toutes ces messes, en khmer, en vietnamien, et même quand je célèbre la messe en français. Plusieurs jeunes filles assurent également avec les religieuses le service de la sacristie. C'est vraiment une "machine" bien huilée, et c'est un vrai bonheur de voir à quel point tous ces jeunes sont impliqués dans l'accueil des pèlerins pour faire vivre notre petit sanctuaire.

Samedi après-midi, après la grand-messe solennelle du matin à Areyksat, je suis allé à Po Thom célébrer un mariage ; événement rare, il s'agissait d'un mariage entre 2 catholiques, un jeune homme catholique khmer de Po Thom et une jeune femme catholique d'origine vietnamienne de Kdey Kandal. Un beau moment passé avec eux et leurs familles, autour de l'eucharistie et du sacrement du mariage, après les mois de la préparation.

Dimanche matin, j'ai célébré les 2 messes habituelles, avec en plus une 3e messe à Areyksat à 10h30 avec la communauté catholique francophone de Phnom Penh. C'était la messe prévue pour la célébration des premières communions : 4 garçons ont reçu le Corps du Christ pour la première fois dimanche, et une fille le recevra dans l'une des prochaines messes en français, car sa famille ne pouvait pas être là ce dimanche. Belle célébration également, les familles françaises étant ravies de "profiter" des décorations florales réalisées à Areyksat pour la fête de la Vierge Marie (cf. les photos du montage ci-dessus).

Samedi matin, quelques heures avant la messe solennelle en l'honneur de Marie, une sonnerie particulière des cloches de l'église nous apprenait que l'un des paroissiens était décédé : à Areyksat, on sonne la cloche (7 coups) quand quelqu'un décède. C'était un des vieux messieurs de la paroisse, né en 1933, qui venait à la messe presque tous les jours, jusqu'à ce qu'il perde un peu la tête et que sa famille soit contrainte de le surveiller et de le garder à la maison, car sinon il partait en vadrouille. Ayant eu une dizaine d'enfants, et donc un foule de petits-enfants, Phêrô (Pierre en vietnamien) était très entouré ce matin pour sa sépulture. C'est dans ces moments là qu'on découvre qui est cousin avec qui, et même après 4 ans passé à Areyksat, je suis toujours surpris de voir l'étendu des familles ! Pour ceux qui suivent avec attention, ils auront peut-être réalisé que c'est ma première sépulture de l'année 2023 ! Un 24 avril... Rien à voir avec mon ministère en France ! La composition démographique de la population cambodgienne, et des communautés chrétiennes dont je m'occupe fait qu'il y a assez peu, proportionnellement, de personnes âgées, et donc aussi de décès.

La semaine qui s'ouvre va être marquée par une rencontre des prêtres du diocèse de Phnom Penh pour un temps de récollection et de réflexion, avant de vivre notre retraite annuelle des prêtres du Cambodge à la fin mai, à Kompong Som.

Je vous laisse donc avec ces quelques nouvelles. À la semaine prochaine !