Chers amis,
Une fois de plus, la semaine écoulée a été l'occasion de découvrir de nouvelles choses sur le Cambodge ! En effet, quand il s'agit d'accompagner des visiteurs, c'est toujours une opportunité pour aller à des endroits nouveaux et pour faire des choses que je ne ferais pas tout seul...
Au cours de la semaine écoulée, j'ai accompagné ma sœur et sa famille sur l'île de Koh Rong Sanloem, une petit île paradisiaque au large de Kompong Som (autrement appelée Sihanoukville), où je n'étais pas retourné depuis fin 2019.
Entrée en Carême
Cette semaine a aussi été celle de l'entrée en Carême, ce beau temps de préparation à la fête de Pâques, qui nous fait entrer dans une période de trois mois centrés sur Pâques, du Mercredi des Cendres jusqu'au Dimanche de la Pentecôte. J'ai laissé mes proches à leurs vacances pour revenir à Areyksat et Po Thom, et ainsi assurer les deux célébrations des Cendres pour mes paroisses. Dimanche matin, j'ai aussi célébré à Areyksat à 10h30 (en plus des messes de 7h à Areyksat et de 8h30 à Kdei Kandal) la messe d'entrée en Carême pour les fidèles francophones, avec le rite de l'imposition des Cendres. Il a fallu un peu jongler avec l'emploi du temps, pour assurer mes responsabilités paroissiales tout en prenant soin de mes proches qui avaient fait des milliers de kilomètres pour venir jusqu'à moi !
Koh Rong Sanloem
L'ouverture il y a quelques mois de l'autoroute entre Phnom Penh et Kompong Som m'a grandement facilité la tâche ! Ainsi, grâce à cette autoroute, j'ai pu quitter Phnom Penh jeudi matin à 5h30, et me retrouver sur la plage de Koh Rong Sanloem à 10h... Avant l'ouverture de l'autoroute, c'est plus d'une journée entière de voyage qu'il m'aurait fallu !
Retrouver Koh Rong Sanloem a été une expérience un peu douce amère... En effet, à la joie de retrouver ce petit paradis, et de partager cela avec ma sœur, son mari, ses beaux-parents, mon neveu et mes deux nièces, est venu se mêler l'étonnement et la tristesse de découvrir que cette île est en train de vivre de profonds bouleversements, et transitionne visiblement d'un tourisme "artisanal" vers quelque chose de beaucoup plus massif...
De nombreux établissements sont en train d'être démantelés (certains étaient abandonnés depuis le Covid), et de grands axes sont en train d'être créés à l'intérieur de l'île... Ce sont des milliers d'arbres de cette forêt primaire tropicale qui sont en train d'être abattus à grand renfort de bulldozers et de tronçonneuses, sans visiblement que cela n'émeuve personne. Ce sont des saignées de 25 mètres de larges qui sont tracées dans la jungle de cette toute petite île, alors qu'il n'y a même pas de voiture, et qu'on ne voit pas bien pourquoi on ferait venir des voitures sur une île dont on peut faire le tour en moins d'une journée !
C'est encore plus délirant quand on nous annonce que sur l'île voisine, appelée Koh Rong, et où les premiers Koh Lanta ont été tournés, c'est un aéroport qui est en train d'être construit. J'ai malheureusement l'impression que Koh Rong Sanloem va connaître le même sort que Kompong Som, avec un développement touristique incontrôlé et spéculatif, qui va couvrir l'île de constructions hideuses et va tuer le tourisme en croyant attirer des touristes chinois qui ne viendront finalement pas... La violence, la rapidité, le mépris pour toutes les règles élémentaires de la protection de l'environnement ou du simple bon sens urbanistique avec lesquelles ces choses sont faites laisse apercevoir la "patte" du grand frère chinois derrière l'apparence que tout est géré par les autorités cambodgiennes. Sans doute que les sociétés de "développement" qui ont obtenu les concessions sur l'île ont su graisser les bonnes pattes pour pouvoir agir en toute impunité, sans respect aucun de la protection de l'environnement de ces espaces naturels jusque-là préservés. Je comprends la nécessité du développement des infrastructures (et j'apprécie la création de la nouvelle autoroute, par exemple), mais je ne comprends pas ce qu'ils sont en train de faire à Koh Rong Sanloem.
Une fois de plus, il semble que l'appât du gain et la corruption de certains au plus haut niveau va amener les Cambodgiens à détruire une partie de leur patrimoine naturel au profit éventuel de l'enrichissement d'une petit clique de pourris... comme tous ces profiteurs qui se pavanent en Rolls sur les boulevards de Phnom Penh. Et comme cela se passe sur une petite île où très peu de gens vont, c'est encore plus facile pour eux. Le pire peut-être dans tout ça, c'est que cela sera peut-être fait en pure perte, car je ne vois pas comment de telles investissements sur une île aussi petite vont pouvoir être rentabilisés : on risque de se retrouver avec des "cadavres" d'hôtels vides, ou abandonnés en cours de construction, comme ce qui recouvre aujourd'hui une partie de la ville de Kompong Som ou de celle de Siem Reap... Pour un hôtel en état et qui fonctionne, il y a deux ou trois carcasses de béton plus ou moins à l'abandon qui enlaidissent tous les quartiers de ces villes touristiques. Espérons que des solutions puissent être trouvées, avant que les touristes ne décident de se détourner définitivement de ces destinations. Quel gâchis ! Ils ont de l'or entre les mains, et ils en font de la m... C'est à pleurer. Je vous partage ci-dessous quelques photos de ces chantiers en cours...
Tout cela ne nous a pas empêché de passer un séjour extraordinaire sur cette île, où je pense d'ailleurs retourner, car tout cela n'impacte pas (encore ?) la beauté des plages, et que nous avons pu résider dans l'un des établissements qui vont visiblement poursuivre leurs activités. Mais cela est vraiment inquiétant. Quel sera le visage de Koh Rong Sanloem dans dix ans ??? Qui peut le dire ?
Changement à Po Thom Kdei Kandal
C'est au cours de cette semaine que j'ai aussi appris que la religieuse qui venait tous les week-end à Po Thom pour aider à la catéchèse et à la liturgie allait arrêter son service sur cette paroisse à la fin de ce mois de février... j'aurais aimé avoir l'information plus en amont, ou qu'elle n'arrête pas son service en plein milieu de l'année pastorale, mais je n'ai pas eu mon mot à dire. Donc dimanche nous lui avons dit merci à la fin de la messe pour son service auprès de nous depuis fin 2021, et nous lui avons offert une belle corbeille de fruits (c'est ce qui se fait ici) pour la remercier. Elle était d'une grande aide pour moi... mais j'espère qu'avec la montée en puissance des sœurs de La Salle, cela va pouvoir aller. Malheureusement à court terme, les sœurs de La Salle (qui sont toutes les trois vietnamiennes) ont encore beaucoup de travail à faire pour maîtriser correctement le khmer. Heureusement, il y a beaucoup de grands jeunes qui sont déjà engagés, et certains qu'ils va peut-être falloir (re)mobiliser pour faire face, et je pense que ça va aller. Nous allons continuer à avancer, en posant un pied devant l'autre, et en faisant confiance !
Après le départ vers la France de mes visiteurs hier, ma vie ici va reprendre son rythme habituel d'alternance entre les deux rives du Mékong... alors je vous dis à la semaine prochaine !
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