Chers amis,
La semaine écoulée a été, comme souvent, un mélange de différents moments, marqués par différents sentiments. Le temps fort de la semaine était bien évidemment la célébration du sacrement de la Confirmation pour 23 jeunes en l'église St Pierre de Po Thom, ce dimanche 4 septembre. Aux 21 jeunes des communautés chrétiennes des villages de Po Thom, Kdei Kandal et Tasko se sont joint une jeune Française et un jeune chrétien d'une autre paroisse, Koh Norie.
Mais au cours de cette semaine nous avons eu aussi un voyage presque improvisé, un décès et une nouvelle un peu inquiétante pour l'avenir.
Voyage à Chrey Thom
La semaine dernière, la sœur qui travaille avec moi à Areyksat m'avait dit que dans une paroisse du sud du diocèse il y avait un magasin d'objets de piété qui allait fermer, et que la sœur qui s'en occupait nous proposait de lui racheter son stock d'invendus (tous des produits du Vietnam) que nous pourrions remettre en vente dans notre magasin d'Areyksat. Je lui ai dit que j'étais d'accord sur le principe, mais que je voulais quand même jeter un œil sur la marchandise, avant de dépenser plus de 3000$ !
Et donc ce jeudi, nous voilà partis vers Chrey Thom (je n'avais aucune idée de la distance en partant, on m'avait parlé d'une heure 1/2 de route, mais en fait il nous en a fallu 2h30 !), qui se trouve être une paroisse vietnamienne au bord du Bassac, juste à la frontière avec le Vietnam. Trajet aller, rencontre, repas, trajet retour... Départ à 7h et retour à 14h30... après avoir conduit tout du long... bref, bien fatigué ! Mais aussi très heureux d'avoir pu aller à la rencontre de cette autre paroisse, bien différente de celles dont je m'occupe, et de pouvoir passer aussi un peu de temps avec des confrères prêtres, quelques paroissiens... Dans les photos ci-dessous, vous verrez quelques images de cette église, et aussi de la marchandise que nous avons rachetée (nous avons rempli la voiture, et le reste de la marchandise sera livré cette semaine).
Un décès...
Jeudi soir, après ma journée à Chrey Thom et la messe à Po Thom, on est venu me chercher car un des anciens de la paroisse était entré en agonie. Je lui avait donné le sacrement de l'onction des malades juste avant mon séjour en France. Quand je suis arrivé, il avait perdu connaissance (et il avait de toute façon "perdu la tête" depuis plusieurs années), alors j'ai prié sur lui, et j'ai donné aux proches les livres pour animer la veillée de prière. Il est parti dans la nuit, et donc vendredi nous avons fait la prière de mise en bière (cf. photo), et samedi matin à 7h la célébration des funérailles chrétiennes, avant l'enterrement dans le petit cimetière d'Areyksat. Depuis que je suis arrivé à Areyksat, j'ai toujours vu ce vieux monsieur, assis devant la maison où il vivait avec ses enfants, tout en étant "absent" dans sa tête (sans doute Alzheimer...?), mais visiblement heureux. Il ne pouvait plus venir à la messe, mais il avait reçu plusieurs fois le sacrement de l'onction des malades, ainsi que la communion, et malgré son état, il était toujours attentif, et j'arrivais à "accrocher" son regard... Aujourd'hui, c'est vers Dieu lui-même que se tourne son regard.
Confirmation à Po Thom
Ce week-end, c'était donc la confirmation à Po Thom. Samedi matin, après la sépulture à 7h, puis la prière au cimetière pour l'inhumation de Mickaël, j'ai pris la direction de Po Thom pour une journée de retraite de confirmation, et la rencontre avec l'évêque... c'est en tout cas ce qui était prévu ! La journée a commencé avec les jeunes par un temps de prière, puis une réflexion sur l'évangile de Bartimée pour se préparer au sacrement de la réconciliation. Tout cela organisé par la sœur Anne-Lucie, et un peu par moi ! J'ai ensuite été rejoint par deux confrères prêtres du secteur pastoral : le P. Chatsirei et le P. Won (un prêtre coréen qui commence sa 3e année d'études du khmer et qui débute son service sur notre secteur pastoral). Quand j'ai un groupe à confesser comme cela, si c'est possible, je veux toujours avoir au moins un confrère avec moi, indépendamment de la question du temps, car je ne veux pas que les fidèles soient obligés de se confesser à moi.
Nous avons ensuite fait la pause pour la mi-journée : les jeunes sont rentrés chez eux, et nous sommes restés à déjeuner ensemble avec les prêtres, la sœur, ainsi que Claire, une jeune femme française qui a reçu la confirmation avec les jeunes de Po Thom. En effet, elle cheminait avec moi depuis plusieurs mois pour se préparer à la confirmation (elle est mariée, mère de 3 enfants, et travaille avec son mari dans une ONG), et comme je ne pouvais pas faire venir l'évêque pour une seule candidate, je lui ai proposé de se joindre au groupe des jeunes de Po Thom, ce qu'elle a accepté avec joie. Cela a aussi été l'occasion d'inviter les Français qui fréquentent la messe francophone à se joindre à nous, et un petit groupe est venu, qui a été très heureux de sa journée, je crois.
Pour revenir au samedi après-midi, nous devions répéter la célébration, les chants, et rencontrer l'évêque. Malheureusement, un incendie s'est déclenché à Phnom Penh, sur le trajet que devait faire l'évêque. Il s'est retrouvé bloqué pendant plusieurs heures dans un énorme bouchon, l'incendie ayant notamment provoqué la coupure des feux de signalisation sur des routes très fréquentées de Phnom Penh. La journée avec les jeunes a donc été un peu écourtée, et l'évêque s'est rattrapé en venant avec une heure d'avance le dimanche matin pour les rencontrer. Je vous partage ci-dessous quelques photos de ces journées...
Tout c'est très bien passé, et après la messe nous avons eu deux danses (une première par des jeunes filles de la paroisse, et une deuxième par un groupe de jeunes atteints de handicaps, venus de la paroisse de l'Enfant-Jésus, à Phnom Penh), puis les confirmés, les catéchistes, les jeunes, mais aussi l'évêque et les Français venus à la messe, nous avons tous ensemble partagé le repas préparé par différentes familles de la paroisse. Un très bon moment !
Une fois de plus, je rends grâce à Dieu pour la présence sur la paroisse de Sr Anne-Lucie, car la réussite de cette journée est en grande partie de son fait, avec non seulement sa capacité d'organisation, mais aussi ses bonnes idées et sa capacité à mettre les gens en mouvement !
Une nouvelle un peu inquiétante...
Cela fait plusieurs fois que je souligne l'importance de la présence et de tout le travail accomplit par les religieuses sur les paroisses dont j'ai la responsabilité. C'est pourquoi cette journée de dimanche a été un peu "gâchée" car j'ai appris que la sœur la plus active sur la paroisse d'Areyksat allait quitter le Cambodge pour prendre la responsabilité d'une autre communauté religieuse de sa congrégation, et ce dès la semaine prochaine ! Il avait été prévu que dimanche, après la confirmation à Po Thom, l'évêque vienne à Areyksat pour rencontrer les sœurs et leur supérieure générale vietnamienne qui était de passage... La sœur m'avait dit que sa supérieure voulait l'envoyer au Vietnam, mais que peut-être l'évêque pourrait la faire changer d'avis pour qu'elle reste encore à Areyksat, ce qu'elle-même souhaitait, et moi aussi... malheureusement, il s'est avéré que la rencontre avait juste pour objectif de nous informer d'une décision qui était belle et bien déjà prise, sans nous avoir aucunement consultés... Le problème, c'est que cette congrégation vietnamienne applique à ses sœurs qui sont missionnaires au Cambodge les mêmes règles que pour les sœurs qui restent au Vietnam, à savoir changer régulièrement de lieu... Sans prendre en compte le fait que pour être religieuse au Cambodge, même dans des communautés chrétiennes vietnamiennes, il faut maîtriser la langue khmère...
C'est à mes yeux un beau gâchis, car cette religieuse est présente au Cambodge depuis une dizaine d'année, elle s'est profondément investie dans l'apprentissage du khmer et dans les relations personnelles avec les chrétiens, ce qui lui permet d'être une interface essentielle, notamment vis-à-vis des enfants (qui ne parlent pas encore bien khmer) ou des pèlerins vietnamiens qui viennent à Areyksat. Elle était ma principale interlocutrice et ma principale partenaire dans la mission sur cette communauté chrétienne d'Areyksat. La sœur qui est avec elle, et qui va rester, ne parle pas bien khmer, et pas anglais... Une autre religieuse, qui est au Cambodge depuis plusieurs années sur une autre paroisse, et que je connais un peu, devrait venir s'installer à Areyksat dans les semaines qui viennent... on verra, mais tout cela m'inquiète.
Encore une semaine très contrastée...! Mais nous sommes déjà dans la joie de la grande fête à venir : samedi prochain 10 septembre, ce sont 3 séminaristes cambodgiens qui recevront l'ordination diaconale à Phnom Penh, en vue du sacerdoce... Est-ce que c'est l'un de ces jeunes qui me remplacera quand je quitterai le Cambodge ? Mystère !
Bonne semaine à tous et à bientôt !
Publié à 10h10 - Corrigé à 15h54
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