#185 Lundi 23/05/2022

Préparation au mariage : joie et questionnements...

Je reviens avec vous quelques instants sur la préparation au mariage, car si la préparation et la célébration de ce sacrement est toujours une cause de grande joie, elle ne va pas sans me poser toujours des questions, certaines identiques à celles que je me posais en France, et d'autres spécifiques au contexte où je me trouve ici. La principale question pour moi est toujours de savoir si les couples, à la fin de la préparation, ont une idée précise et claire de ce à quoi ils s'engagent. En effet, c'est le but premier de la préparation au mariage que de leur permettre de vivre le sacrement de mariage en ayant conscience de ce qu'ils célèbrent... ce qui n'est pas toujours évident ni simple, notamment quand l'un des membres du couple est très loin de l'Église, soit parce qu'il n'est pas croyant, soit parce qu'il est fidèle d'une autre religion... Déjà que pour un Catholique ce n'est pas toujours simple de comprendre, alors quand la personne est Bouddhiste et ne sait absolument rien de la théologie chrétienne avant de commencer la préparation au mariage, ce n'est vraiment pas évident.

L'autre question qui m'habite, c'est le niveau de liberté personnelle des jeunes qui se présentent à moi pour se préparer au mariage... En France, la question se pose quand on accueille un couple qui cohabite déjà depuis plusieurs mois ou années, et dont on ne sait pas vraiment si le mariage est un choix libre, ou si l'un des deux accepte de se marier pour ne pas perdre l'autre. Ici, je suis parfois un peu étonné, sinon suspicieux, de la façon dont les couples se forment... Je ne crois pas avoir eu à accompagner des couples dont le mariage était forcé, encore que... : j'ai eu un doute concernant un couple, quand à chaque fois que je voulais rencontrer le futur couple, la mère de la future mariée s’incrustait... À partir du moment où j'ai demandé à pouvoir rencontrer la jeune femme en tête-à-tête (car je la trouvais toujours très triste), hors de la présence de sa mère ou du fiancé, je n'ai plus revu personne... malheureusement, mon pouvoir est limité au sacrement du mariage, et je n'ai aucune prise sur les mariages "coutumiers" tels qu'ils sont pratiqués par les familles vietnamiennes ou khmères, à la maison, et où il n'y a même pas d'échange des consentements... Ce sont les parents qui marient leurs enfants... pas les jeunes qui se marient.

Même si cela n'a été qu'un seul cas, je pense que certains mariages que je prépare ont été arrangés, dans le sens où des familles se sont mises d'accord pour présenter leurs enfants l'un à l'autre, en espérant que cela puisse aboutir à un mariage, mais en laissant les jeunes libres. J'insiste ainsi lourdement sur l'importance de la liberté et sur le fait que sans liberté le sacrement de mariage est nul... Après, quelles que soient les circonstances de la rencontre (amis d'enfance, hasard, études, amis d'amis, présentation par la famille,...), l'important est que le couple décide librement de se marier ensemble, en fondant leur mariage sur l'amour qui est né entre eux... Mais là, je ne peux pas sonder "les reins et les cœurs"... Je suis aussi toujours un peu inquiet avec les couples qui sont très jeunes (18, 19 ou 20 ans)... mais si je n'ai pas de raison objective de ne pas célébrer ce mariage, je ne peux que les célébrer, en priant pour que leur amour soit sincère, authentique, et qu'ils mettent en œuvre tout ce qu'ils auront appris en préparation au mariage pour faire grandir leur couple en quelque chose de grand et de beau !

Réflexion honnête sur ce blog...

En relisant quelques articles de ce blog, ces nouvelles que je donne chaque semaine, je me suis demandé si elles donnaient une idée exacte et fidèle de ce que je vis ici... C'est en tout cas une idée précise de ce que je veux retenir de ma vie et de mon ministère de prêtre fidei donum au Cambodge. J'ai peut-être une tendance à sélectionner uniquement ce qui est beau et bon, ce qui me donne du bonheur et de la joie, et à ne pas m'appesantir, voir à passer sous silence, ce qui peut être plus difficile... Mais bien évidemment, il y a aussi des aspects plus difficiles, agaçants, énervants, fatigants, décevants... dans mon travail et dans ma vie ici, il y a aussi des épreuves, des doutes, des inquiétudes, des moments de stress... comme dans toute vie humaine ! Je suis loin d'être un saint, et bien entendu les limites de ma personnalité, de mon caractère, le poids du péché, sont bien aussi présents dans ma vie ici... mais ce blog n'est pas le lieu pour une confession publique !

Ce qui est sûr, c'est qu'à aucun moment, depuis que je suis arrivé en septembre 2018, je n'ai regretté d'avoir demandé à Mgr Thierry Scherrer l'autorisation de venir vivre une nouvelle étape de mon ministère de prêtre diocésain comme prêtre fidei donum pendant six années au Cambodge, dans ce pays et cette Église à qui je dois la découverte de ma vocation et des leçons de vie qui ont été fondatrices dans mon parcours. Bien entendu, la mission ne se passe pas toujours exactement comme j'avais pu l'imaginer, mais n'est-ce pas toujours le cas ? On peut admirer une belle mécanique de l'extérieur, mais à partir du moment où on accepte de mettre les mains dans le cambouis, ça peut devenir un petit peu plus "salissant" ! Il y a aussi les moments plus difficiles inhérents au fait de vivre à plus de 10.000 km de ma famille et de mes amis, notamment quand des deuils interviennent. Fort heureusement, l'union dans la prière n'est pas limitée par la distance, mais dans ces moments difficiles on voudrait pouvoir être tout proche de ceux qu'on aime et qui souffrent.

Perspectives...

Les vacances approchent à grands pas, puisque dans moins d'un mois maintenant je serai en France pour deux mois de congé. Ce sera un vrai plaisir de revoir tout le monde, et aussi de me reposer vraiment ! D'ici-là, encore beaucoup de choses à faire... notamment pour préparer mon absence. Le compte à rebours est enclenché !

À bientôt donc, et bonne semaine à tous.