Source : "Missel du dimanche 2022", pp. 95-97
En 354 le pape Libère fixe la fête de la Nativité du Sauveur au 25 décembre. Pourquoi cette date ? Selon la thèse la plus répandue, on aurait choisi le 25 décembre parce qu’à Rome c’était la date du solstice d’hiver, où les païens fêtaient le Soleil invaincu, et que les chrétiens voulaient tourner vers le Christ, astre d’en haut, les hommages rendus par les païens à l’astre du jour.
Quoi qu’il en soit, le temps de Noël nous fait célébrer Dieu qui entre dans l’histoire. C’est par excellence le temps où l’Église contemple le Dieu tout-puissant, celui qui a créé l’univers visible et invisible et qui se fait petit enfant ! Le seul riche se fait le plus pauvre et abandonne tout par amour pour sa créature.
De cette entrée de Dieu dans l’histoire, l’évangéliste Luc décrit les circonstances historiques. Elle s’est faite lors d’un recensement ordonné par l’empereur de Rome : le Fils de Dieu est soumis à la situation politique du peuple juif auquel il appartient (évangile de la nuit de Noël). Après quoi, Jésus subit les conditions imposées par la jalousie du roi Hérode, roi cruel, avide et plus ou moins païen, qui conduit Joseph à prendre la fuite et à mener sa famille en Égypte, puis en Galilée, à l’abri du danger (évangile de la fête de la Sainte-Famille).
Dieu, en entrant dans l’histoire, entre aussi au sein d’une société. Les parents de Jésus font partie des pauvres et ne trouvent pas de place dans la salle commune pour se loger. Ce sont des bergers, vivant au bas de l’échelle sociale, qui sont les premiers avertis de la naissance du Messie et vont lui rendre visite : Dieu a une prédilection pour les plus petits (évangile de la nuit de Noël). Et ce seront des païens, donc des non-juifs, qui se prosterneront devant l’enfant de Marie et lui offriront des présents : le Messie est lumière pour toutes les nations dans l’espace et le temps (évangile de l’Épiphanie).
Dieu, enfin, entre dans une famille. Son Fils appartient au peuple juif et sera soumis aux rites religieux de ce peuple. En demandant le baptême à Jean, l’Emmanuel participera même au mouvement religieux qui conduit ses membres au désert (évangile de la fête du Baptême du Seigneur).
Le temps de Noël, qui s’étend de la Nativité à la fête du Baptême du Seigneur, n’est donc pas simplement la célébration de l’enfant que Marie met au monde et qui est le Fils de Dieu. Le temps de Noël nous rappelle que, dès la naissance de Jésus, Dieu prend la condition humaine en toute chose et manifeste en son Fils que tout ce qui fait l’humanité mérite d’être pris en compte. Y compris la mort. Car en entrant dans le monde par la naissance de son Fils, Dieu ne peut en sortir que par la mort du Fils. Ainsi, tout est déjà joué à la crèche de Bethléem. La croix est plantée près de la crèche. L’enfant né en voyage sera un homme errant sur les routes de Galilée. Celui qui n’a pas eu de place dans l’hôtellerie pour sa naissance n’aura pas de lieu où reposer la tête. Le pauvre né pauvrement sur la paille mourra misérablement entouré de condamnés à mort.
« Mais avant que ses bras étendus dessinent entre ciel et terre » le signe de l’Alliance nouvelle entre Dieu et les hommes, le Fils de Dieu donnera aux hommes son corps en disant : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon Corps livré pour vous ». Le corps né de la Vierge Marie est celui qui nous est donné en chaque eucharistie pour nous guérir de la lèpre du péché.
Avant que ne soient consolidées, au IVe siècle, les fêtes de Noël-Épiphanie, les chrétiens célébraient la seule fête de Pâques. Cette unique fête de l’année de l’Église exprimait donc l’ensemble du mystère du salut. Lorsque apparaissent les fêtes de Noël-Épiphanie, elles sont perçues par l’Église comme le commencement de la célébration du mystère de Pâques. La lumière de Noël est bien une lumière pascale. Le Dieu qui naît en notre chaire d’homme nous fait renaître, chacune et chacun, à sa vie même.
À cette vie croyaient, envers et contre tout, Marie, Joseph, Élisabeth, Zacharie, les bergers, les vieillards Anne et Syméon, parce qu’ils avaient l’espérance chevillée à l’âme. Ils n’étaient ni savants, ni forts, ni puissants, mais ils espéraient sans se lasser que la guérison du peuple d’Israël viendrait, que la liberté leur serait rendue, que leur vie prendrait un élan nouveau, parce que le Seigneur avait promis qu’il les délivrerait de tous ceux qui leur voulaient du mal (Lc 1,71).
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