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#152 Lundi 04/10/2021

Levé de soleil sur le Mékong.
Levé de soleil sur le Mékong.

Chers amis,

 

La semaine qui vient de s'écouler s'annonçait comme très calme, mais finalement l'imprévu se conjuguant avec le prévu, elle a été finalement très riche ! Je vous partage ci-contre l'une de mes joies : la proximité avec le fleuve Mékong, qui m'enchante si souvent, puisque je dois le traverser plusieurs fois chaque semaines, à différentes heures, pour les besoins de mes différentes activités. Mercredi dernier, j'ai dû le traverser vers 6h du matin, et ainsi profiter du levé du soleil, dans un ciel de saison des pluies...

 

Activités pastorales

Les photos ci-dessous représentent quelques-unes des activités de la semaine : visites de deux malades, baptême, chapelet, et aussi visite de l'évêque qui est venu présider une messe ce dimanche à Areyksat, rediffusée en direct sur la chaîne Facebook du diocèse, en ce début du mois d'octobre, mois du Rosaire.

 

La visite des malades est toujours un moment très fort, car c'est souvent là aussi que je suis confronté à la plus grande pauvreté. La première malade est une personne âgée, entourée de sa famille et qui s'éteint doucement. Pas de pathologie particulière, d'après ce que j'ai compris. Le deuxième est un jeune homme d'une vingtaine d'années... Il a semble-t-il un grave problème à l'estomac, mais la famille est tellement pauvre qu'elle ne peut pas le faire soigner correctement. Dans la maison, il y a les parents, ainsi que les frères et sœurs... avec aussi toute une basse-cour ! Nous allons voir ce que nous allons pouvoir faire avec le service de santé du diocèse, mais c'est vraiment très difficile. C'est très probable que si ce jeune homme vivait en France, il aurait été traité et guéri. Si je devais prendre en charge les frais médicaux de tous les paroissiens pauvres, c'est sans doute un budget de 40 ou 50.000 € par an dont j'aurais besoin (et que je n'ai pas), et encore, en ayant recours seulement aux hôpitaux publics. Certaines familles cambodgiennes pauvres peuvent obtenir une carte spéciale qui leur permet de se faire soigner gratuitement dans les hôpitaux publics. Mais j'ai eu des témoignages me disant que ces "clients qui ne payent pas" sont parfois mal traités par les médecins... et de toute façon, il semble que les médicaments soient payants. Quand aux vietnamiens, qu'ils aient des papiers en règle ou pas, ils sont exclus de ce système de gratuité des soins. Donc je fais ce que je peux faire : célébrer les sacrements, et apporter un petit soutien financier, ainsi que quelques petits cadeaux pour les plus jeunes de la famille (coloriages, crayons de couleur,...). C'est aussi leur montrer que dans leurs épreuves, le Seigneur est avec eux. Mais en quittant cette maison, j'aimerais tellement pouvoir faire plus...

 

Mgr Olivier Schmitthaeusler est bien conscient de cette situation, et il a toujours ce projet de mettre sur pied un hôpital catholique à Phnom Penh, pour lequel un grand terrain a déjà été acheté... mais le Covid est singulièrement venu compliquer les choses. À quelle échéance est-ce que cet hôpital pourra voir le jour ?

 

Mercredi matin, également, j'ai rencontré un responsable de l'administration local, chargé de l'action sociale. Il nous a sollicité pour les aider à financer des équipements pour le bureau d'aide social local et l'école publique, où sont scolarisés les enfants de la paroisse, ce que nous avons fait par un don d'1 million de riels (environ 210€). Cela a été l'occasion de faire connaissance et de discuter un peu. En ce moment nous sommes en train de faire les démarches pour obtenir le renouvellement de l'autorisation d'ouverture de nos lieux de culte. Cette démarche est à faire tous les deux ans, et c'est un peu un marathon administratif à travers le millefeuille de l'administration cambodgienne. Comme je n'y comprends pas grand chose, et que je ne voudrais surtout pas faire de bêtises dans ce domaine si complexe, tout cela est supervisé par le P. Chatsirei, responsable du secteur pastoral et chancelier du diocèse, avec un employé cambodgien de l'Église.

 

Ce même mercredi, j'étais contacté par un Français vivant au Cambodge qui m'annonçait le décès accidentel de son frère, vivant aussi au Cambodge. Il m'a demandé s'il était possible de faire une sépulture au funérarium de l'hôpital où le corps avait été apporté, ce que j'ai accepté. Jeudi je me suis donc rendu à l'Hôpital de l'Amitié Khméro-Soviétique, et nous avons donc prié tous les deux auprès du corps de son frère. Il était en visio avec son téléphone pour permettre à des membres de la famille en France de pouvoir suivre la célébration. J'ai fait une sépulture très simplifiée, en fonction du lieu et des circonstances, mais je crois que c'était important pour toute cette famille. C'était une première pour moi, et si cela doit se reproduire, je pense que je prendrai avec moi un crucifix et/ou une statue de la Vierge Marie, car dans la pièce où nous étions, religion d'état oblige, il y avait une grande statue de Bouddha, et évidemment aucun symbole chrétien.

 

Pendant que nous étions en train de prier, la pluie a commencé à tomber, comme elle tombe ici en saison des pluies : un déluge. Et bien sûr, étant en voiture, je n'avais pris ni parapluie, ni vêtement de pluie... En repartant, j'avais 100 mètres à faire pour rejoindre ma voiture... suffisant pour être trempé jusqu'aux os ! Heureusement que l'eau est tiède. Et heureusement aussi que je ne porte comme chaussures que des crocs : l'évacuation de l'eau est tellement défectueuse que dans les rues qui desservent les différents bâtiments de l'hôpital, j'avais de l'eau jusqu'au dessus des mollets ! Avec une voiture ordinaire, ça aurait été impossible de sortir, mais avec la Toyota Rav 4 de 2005 que j'utilise, qui est assez haute, ça passe...

 

Situation de l'épidémie de Covid-19

Nous voyons depuis quelques jours le nombre de nouveaux cas baisser brutalement... malheureusement, cette chute importante (nous sommes passés de près de 900 nouveaux cas par jour à moins de 200) est due seulement à un artifice : jusqu'à ces derniers jours, les chiffres officiels de nouvelles contaminations (déjà notablement sous-évalués par rapport à la réalité) prenaient en compte tous les types de tests de dépistage (PCR, tests antigéniques, tests salivaires). Du jour au lendemain, le premier ministre a décidé que le Ministère de la Santé ne publierait plus que les chiffres des tests PCR... Déjà, il y a quelques semaines, il avait ordonné que les chiffres publiés auparavant par chaque province ne soient plus rendus publics. En effet, les observateurs avaient constaté à plusieurs reprises que les chiffres officiels nationaux étaient largement inférieurs à la somme des chiffres des contaminations des différentes provinces ! Le premier ministre semble vouloir contrôler toujours plus étroitement la communication relative à l'épidémie de Covid-19, car c'est la crédibilité de son gouvernement, et la sienne, qui est ici en question. Et bien entendu, la priorité n'est pas de donner à la population un accès libre et indépendant à une information authentique et honnête... Il faut toujours qu'il maîtrise la narration et montre à quel point il est le sauveur et le héros de l'histoire. Grande tradition des régimes autoritaires...  Reste à espérer que les chiffres impressionnants concernant les vaccinations ne sont pas autant trafiqués...

 

Par ailleurs, la très grande rigueur de la politique cambodgienne à l'égard des personnes testées positives (qui sont immédiatement enfermées dans des centres de quarantaine au conditions de vies très rudimentaires) fait qu'il y a semble-t-il de plus en plus de gens qui, quand ils suspectent qu'ils sont atteints, ne se font pas connaître, ne se font pas tester, et restent chez eux en attendant que ça passe. Ils ne contactent les autorités sanitaires que si leur santé se dégrade vraiment...

 

Voilà en tout cas les chiffres officiels au 3 octobre 2021, à prendre avec des pincettes donc :

  • nouveaux cas détectés ce jour : 219 (total de cas cumulés : 113.475) et 3.549 nouveaux cas en une semaine
  • nouveaux décès : 23 (total de décès : 2.406) et 145 nouveaux décès cette semaine
  • nouveaux guéris : 457 (total des guéris : 104.865) et 3.680 nouveaux guéris en une semaine
  • nombre de cas actifs en cours : 6.197 (courbe bleu ciel avec points)

Pour ce qui est de la vaccination, voilà les chiffres officiels en date du 3 octobre.

  • Chez les plus de 18 ans (objectif que le gouvernement c'était initialement fixé : 10 millions d'adultes vaccinés) :
    • 9.911.818 personnes ont reçu une première dose
    • 9.487.239 personnes ont reçu deux doses
    • 904.051 personnes ont reçu trois doses
  • Chez les 12-18 ans (campagne de vaccination commencée le 1er août, avec pour objectif 2 millions de jeunes vaccinés) :
    • 1.763.150 personnes ont reçu une première dose
    • 1.631.950 personnes ont reçu deux doses
  • Chez les 6-12 ans :
    • 1.766.125 personnes ont reçu un première dose

Voilà donc, chers amis, les dernières nouvelles. Cette semaine sera une semaine particulière, puisque c'est la grande fête de Pchum Ben, la fête des morts, avec 3 jours fériés (mardi, mercredi et jeudi). Cette année, toute les festivités sont de nouveau interdites, donc les gens vont rester à la maison, on l'espère, et ne pas répandre le virus encore plus qu'il ne l'est déjà. À la semaine prochaine !

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