Chers amis,
Nous sommes toujours dans une période bien étrange, avec à la fois des mesures de restriction, des contaminations relativement importantes pour le Cambodge, et une vie quotidienne qui, à bien des égards, se poursuit presque comme si de rien n'était...
Bien sûr, presque tout le monde porte un masque, et vous devez scanner un QR code et faire contrôler votre température quand vous entrez dans de nombreux lieux, bien sûr, les autorités annoncent régulièrement que toutes les personnes qui sont passées tel jour dans tel commerce doivent toutes aller se faire tester, car il y a eu un cas positif, bien sûr, de nombreux types de lieux sont toujours fermés jusqu'à nouvel ordre... mais c'est un peu comme si tout cela devenait normal... il y a une accoutumance à toute cette situation qui est inévitable, et en même temps un peu inquiétante. Dans les centres commerciaux, et aussi tout simplement dans les rues de Phnom Penh, la multiplication des fermetures de commerces (boutiques de vêtement, restaurants,...), surtout les commerces qui visaient la clientèle des touristes et des expatriés, montre bien que la situation est loin d'être normale, et est loin de s'améliorer. Certains commerces qui semblaient avoir les reins suffisamment solides (notamment certains franchisés de grandes marques internationales) et tenaient bon jusque-là sont en train de jeter l'éponge les uns après les autres.
Activités pastorales
Les quelques activités qui sont possibles se poursuivent, comme par exemple la préparation au mariage. Pour ce qui est des baptêmes, nous faisons une pause pour le moment.
Nous avons aussi constaté qu'il y avait une inquiétude chez nombre de nos anciens, à Areyksat, qui ne peuvent plus venir à l'église depuis plusieurs mois maintenant. Ils ont peur de mourir sans avoir reçu les sacrements de l'Église, surtout pour ceux qui vivent avec des pathologies lourdes. En même temps, dans un contexte épidémique, c'est délicat de faire du porte-à-porte en allant visiter des personnes fragiles, en ayant toujours peur de transmettre le virus. Aujourd'hui, une proportion importante de la population est vaccinée, et pour ne pas laisser nos anciens dans l'angoisse, nous avons lancer une "campagne" de célébration du sacrement de l'onction des malades. Jeudi, vendredi et samedi, par groupes d'une dizaine de personnes, ils ont été invités à venir à la messe de 7h, avec possibilité de se confesser et de recevoir le sacrement de l'onction des malades. Ce sont ainsi une bonne trentaine de nos aînés, ou bien de personnes plus jeunes mais atteintes de maladies grave (cancer, SIDA...) qui ont pu se confesser, recevoir le Corps du Christ et l'onction des malades. J'ai fait aussi deux visites à domicile (cf. photo en haut de la page) et une visite dans une petite clinique à quelques centaines de mètres de l'église. À chaque fois, je suis touché par la joie et le soulagement qu'exprime ces personnes.
Mardi soir, j'ai aussi été appelé pour aller assister une personne âgée à Po Thom dont on m'a dit qu'elle n'allait sans doute pas vivre au-delà de la nuit. Elle avait reçu la semaine précédente la communion et l'onction des malades, donc "elle était prête". Je me suis rendu sur place, où notre ancienne était entourée de beaucoup de monde... Nous avons prié avec elle, et pour elle. J'avais cependant le sentiment qu'elle n'était pas arrivée au bout de son chemin sur cette terre... Quelques heures plus tard, dans la soirée, je recevais un message pour me dire qu'elle était décédée. Mais au petit matin, un nouveau message arrivait sur mon téléphone pour me dire qu'à l'aube, elle s'était réveillée ! Et moi qui m'organisait déjà pour pouvoir faire la sépulture ! Et aujourd'hui, une semaine plus tard, il semble qu'elle soit toujours bien vivante !
Hier dimanche, j'ai célébré trois fois l'eucharistie : à 7h à Areyksat, à 8h30 à Po Thom et à 11h avec les francophones à St Joseph, avec à chaque fois déplacement en moto pour aller plus vite. C'était aussi un test pour voir si c'était faisable... et la réponse est que c'est faisable de façon exceptionnelle, mais que je ne peux pas faire ça de façon régulière, car c'est vraiment très fatiguant. Mais en tout cas cela a permis aux francophones d'avoir une dernière messe avant un mois de coupure. Habituellement, il n'y a pas de messe en français en juillet et en août, car la communauté est alors très dispersé. Cette année, compte-tenu du contexte et des liens avec les communautés de Singapour et de Kuala Lumpur, j'ai souhaité prolongé au mois de juillet, mais nous allons maintenant faire une pause en attendant la reprise des activités en septembre.
Évolution de l'épidémie de Covid 19
Sur le graphique ci-contre j'ai supprimé les deux courbes des cas en cumulé, car elles "écrasaient" les autres données et empêchaient d'y voir clair. La courbe importante est celle qui est en bleu avec des points, et qui représente les cas "actifs". On ne peut pas être sûr de la véracité des chiffres, mais je pense que cette courbe donne une idée assez juste de la situation.
Voilà les chiffres au 25 juillet :
Il y a une sorte de stabilisation de la situation, mais une stabilisation à un point haut. Le nombre de décès quotidien reste très haut, et il semble bien que l'accent soit mis sur la vaccination, mais que le traitement des malades soit défaillant. Le Covid 19 provoque aussi ici des morts par effet de dominos, nous en avons eu un exemple concret dans la communauté chrétienne : un fidèle a été diagnostiqué positif au Covid 19, et a donc été interné dans un centre de quarantaine. Mais à cause d'une insuffisance rénale sévère, il avait besoin d'être dialysé... sauf qu'il n'y a pas d'appareil de dialyse dans la province où il se trouvait, seulement à Phnom Penh, et qu'à cause du fait qu'il était positif au Covid 19, quand bien même il aurait eu l'autorisation d'être transféré hors du centre de quarantaine, aucun établissement hospitalier public ou privé ayant un appareil de dialyse n'a accepté de le prendre en charge. Il est décédé la semaine dernière, faute de dialyse, dans son centre de quarantaine...
Renouvellement de ma mission
J'ai eu samedi dernier un long entretien par Zoom avec Mgr Olivier Schmitthaeusler pour faire le point et évoquer le renouvellement de mon contrat. Les deux évêques et moi-même sommes tous les trois d'accord pour poursuivre sur la lancée... à ma plus grande joie. Comme prévu donc, je reste prêtre fidei donum au Cambodge pour trois années supplémentaires.
À la semaine prochaine !
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Fruchet (mercredi, 28 juillet 2021 20:24)
Bonjour Père David,
Que ça reste triste ce fichu covid..
En France, ça repart de plus belle avec le Delta, surtout pour ceux qui ne sont pas vaccinés.
Bon courage et félicitations pour le renouvellement de 3 ans.
Amicalement.
Marie Lise