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#141 Lundi 19/07/2021

Modification de l'autel de l'église St Pierre de Po Thom.
Modification de l'autel de l'église St Pierre de Po Thom.

Chers amis,

 

En cette période où les activités pastorales habituelles sont toujours bloquées par les mesures visant à limiter la diffusion du Covid 19 dans la population, je profite de la situation pour faire ça et là les travaux d'entretien ou de transformation qui sont à faire.

 

C'est ainsi que la semaine dernière nous avons modifié l'autel de l'église St Pierre de Po Thom en le surélevant d'une quinzaine de centimètres pour pouvoir célébrer la messe debout, et non plus assis (cf. photo ci-contre).

 

En effet, comme vous l'aviez peut-être vu sur d'autres photos, l'église de Po Thom était une de ces églises où je célébrais la messe assis à l'autel, conformément à une pratique qui avait été initiée dans les années 1990 par les anciens évêques de Phnom Penh, dans un désir d'inculturation et d'adaptation de la liturgie à la culture cambodgienne. La position assise est traditionnellement dans la culture cambodgienne la position du maître qui enseigne, et la position debout n'a pas vraiment de signification, contrairement à la culture judéo-chrétienne où la position debout est celle de la prière. Les Cambodgiens restent rarement debout à ne rien faire. Quand on attend, on s'assoit, si on a un siège, ou on s'accroupit, assis sur ses talons, dans une position qui semble naturelle aux Cambodgiens comme à beaucoup d'Asiatiques, mais totalement inconfortable ou impossible aux Occidentaux ! Essayez de vous accroupir, les deux pieds à plat, en posant vos fesses sur vos talons... et de rester comme ça pendant de longues minutes ! Personnellement, à chaque tentative je me retrouve par terre !

 

Dans la période récente, il n'a pas semblé judicieux de poursuivre cette expérimentation. À chaque fois que Mgr Schmitthaeusler venait à Po Thom, il me demandait quand je ferai modifier l'autel... C'est maintenant chose faite. Il est vrai que la position debout est quand même beaucoup plus naturelle, et beaucoup plus pratique, pour célébrer en accord avec le Missel romain. Les différents gestes (imposition des mains, signes de croix, élévations du pain et du vin...) se font plus simplement quand on est debout. Et si on regarde les Églises sœurs de la Thaïlande et du Vietnam, dans ces pays comme dans le reste du monde, on célèbre debout. C'est donc le mouvement que prend aujourd'hui l'Église du vicariat apostolique de Phnom Penh. Actuellement, toutes les nouvelles églises sont construites avec un autel pour célébrer debout et pour les anciennes églises, petit à petit les autels sont modifiés ou remplacés quand c'est possible.

 

Décès du Père Toni (Antonio) Vendramin, PIME (1942-2021)

Le 12 juillet, le P. Toni Vendramin a rejoint la Maison du Père, après un mois d'hospitalisation pour une pneumonie bactérienne qui l'a emporté, à l'âge de 79 ans, après 51 années de prêtrise. Membre de l'Institut pontifical pour les missions étrangères (P.I.M.E. : "Pontificio Istituto Missioni Estere" en italien), il était le premier prêtre à être revenu au Cambodge après la période des Khmers rouges et l'occupation vietnamienne.

 

Né en 1942 dans le diocèse de Trévise, il a été ordonné prêtre en 1969 et a d'abord servi au Bangladesh à partir de 1975 avant de rejoindre la mission du Cambodge en 1990 comme aumônier de la première communauté des Sœurs Missionnaires de la Charité (Sœurs de Mère Teresa) qui s'installait alors au Cambodge. Pendant ses 28 années au service de l'Église du Cambodge (il a fait un retour en Italie de 2006 à 2009), le P. Toni a surtout été engagé dans l'aide au développement dans les domaines de l'éducation, de la santé et du handicap, dans un pays où tout était à reconstruire, notamment en créant l'ONG New Humanity. Il a aussi beaucoup aidé les confrères dans les paroisses en allant célébrer des messes et différents sacrements dans une multitudes de paroisses. Son nom apparaît par exemple dans les registres des paroisses d'Areyksat et Po Thom - Kdey Kandal.

 

Voilà ce qu'il écrivait dans une lettre en 1991, en parlant de la paroisse St Joseph de Phnom Penh où je réside 50% du temps :

"Deux semaines avant Noël, un événement d'importance historique s'est produit pour l'Église au Cambodge. Un bâtiment de l'ancien petit séminaire a été restitué à la communauté catholique. Deux étages avec terrain environnant. A l'étage, une grande salle - ancien dortoir du séminaire - est destinée à être la première église à ouvrir au Cambodge depuis 1975, date à laquelle Pol Pot a pris le pouvoir. Les militaires qui occupaient le bâtiment, ayant fait le mur d'enceinte et les toilettes, ont demandé un remboursement de 7000 dollars... Deux semaines de travail intense, même de nuit, pour nettoyer, réparer, badigeonner, tirez sur la ligne électrique pour que l'environnement soit prêt pour la célébration de Noël. Ainsi, après seize ans de silence, la communauté chrétienne a pu célébrer librement la fête de la naissance du Rédempteur. Auparavant, la messe était célébrée le dimanche dans la résidence du directeur de Caritas. La première fois que j'y ai assisté, il m'a semblé que les gens avaient encore peur et quand ils ont vu les sœurs de Mère Teresa, ils ont été stupéfaits : beaucoup ont pleuré d'émotion. Mais à Noël j'ai vu non seulement la joie, mais aussi le courage retrouvé, la fierté d'avoir « leur » église."

 

Le P. Toni laisse un souvenir très fort dans les mémoires de nombreux Cambodgien, et même si je n'ai pas eu l'occasion de travailler avec lui, j'appréciais toujours nos rencontres et nos échanges. Ci-dessous la vidéo réalisée par le Service diocésain de la communication pour évoquer le parcours du P. Toni. C'est en khmer sous-titré en italien, mais vous pourrez au moins regarder les photos !

Mon petit-cousin, Baptiste, a défilé ce 14 juillet sur les Champs Élysées (3e en partant de la droite sur la photo).
Mon petit-cousin, Baptiste, a défilé ce 14 juillet sur les Champs Élysées (3e en partant de la droite sur la photo).

14 juillet, Fête nationale

Vous n'avez pas été sans remarquer que mercredi dernier était le 14 juillet ! Chaque année, depuis mon enfance, j'essaye d'être fidèle à la diffusion du défilé du 14 juillet, et cette année il y avait une raison supplémentaire de regarder puisqu'un de mes petits-cousins, Baptiste, défilait en tant qu'élève de l'École Polytechnique.

 

J'étais donc devant ma télévision (ou plutôt la chaîne YouTube de BFM) pour regarder le défilé et essayer de l'apercevoir... mais sans grand succès ! Avec la faible résolution de la vidéo que j'avais sous les yeux, difficile de distinguer les visages ! Ceci dit, c'était un très beau défilé, et j'ai eu ma petite piqûre de rappel annuelle de Marseillaise et autres musiques militaires !

 

Activités pastorales

Cette semaine a été marquée par les funérailles de la dame pour qui j'avais célébré le sacrement des malades il y a deux semaines. Elle est décédée en début de semaine dernière, et nous n'avons pas pu faire de sépulture à l'église, seulement la prière au cimetière pour la mise en terre. D'ailleurs, les funérailles du P. Toni n'ont toujours pas eu lieu, car il semble que cela soit très compliqué avec les autorités... Je poursuis également la préparation au mariage du couple que je vais marier le mois prochain.

 

Hier dimanche je suis retourné célébrer la messe à Po Thom pour la première fois depuis le mois de mars. Nous allons essayer de reprendre les célébrations en petit comité, dans le respect des gestes barrière. Le défi sera de ne pas avoir trop de monde à venir à chaque fois, car les fidèles sont en grande demande. Même si nous ne faisons pas de grandes annonces, il suffit de dire à trois ou quatre personnes qu'il va y avoir la messe, et il devient très difficile de respecter les limites fixées... Personnellement, je prends toutes les précautions possibles pour ne pas me contaminer ni contaminer qui que ce soit, en espérant que tout le monde fasse de même. Nous allons essayer d'organiser un roulement pour que chaque dimanche, seulement une partie des fidèles vienne à la messe.

 

Ce qui est rassurant, c'est que la campagne de vaccination avance bien, et que les Cambodgiens sont à ce niveau beaucoup plus intelligents que de nombreux Français : ils comprennent bien que la vaccination sauve des vies, qu'elle est le moyen de se protéger et de protéger les autres, qu'elle est un acte citoyen et solidaire, et qu'elle est l'unique solution pour retrouver une vie normale. Ici nous n'avons pas le luxe de pouvoir faire la fine bouche sur les vaccins ! C'est tellement facile et égoïste de dire "moi j'ai pas envie de me faire vacciner" quand on sait qu'on pourra toujours compter sur un système de santé efficace et gratuit, ainsi que sur des aides sociales qui viennent compenser les baisses de revenu. Ici, on n'a pas le luxe d'être malade !

 

Situation de l'épidémie de Covid 19

La situation est toujours tendue, et l'apparition du nouveau variant Delta inquiète les autorités et la population cambodgiennes. Le nombre de contamination quotidien reste élevé (près de 900 nouveaux cas par jour), ainsi que le nombre de décès (une vingtaine par jour). La barre symbolique des 1000 morts a été dépassée. Un signe d'espoir est que cette semaine le nombre de guéris a dépassé le nombre de nouveaux cas détectés...

 

Voilà les chiffres au 18 juillet :

  • nouveaux cas détectés ce jour : 790 (total de cas cumulés : 67.971 = courbe orange ci-contre) et 6.101 nouveaux cas en une semaine.
  • nouveaux décès : 22 (total de décès : 1.128) et 203 nouveaux décès cette semaine
  • nouveaux guéris : 1.087 (total des guéris : 60.017 = courbe jaune ci-contre) et 6.540 nouveaux guéris en une semaine
  • nombre de cas actifs en cours : 6.819 (courbe bleu ciel avec points ci-contre)

Bon courage à tous. Soyez prudents et faites vous vacciner si ce n'est pas encore fait !

 

À la semaine prochaine.

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