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#116 Lundi 25/01/2021

Levé de soleil sur le Mékong...
Levé de soleil sur le Mékong...

Chers amis,

 

Un des privilèges de travailler sur les rives du Mékong, c'est justement de côtoyer ce fleuve, dont le nom signifie "Mère de tous les fleuves", qui est selon Wikipedia le 10e fleuve du monde, et le 4e d'Asie en débit. Il n'y a pas de pont à proximité des lieux où je travaille, et donc je dois prendre le bac à chaque fois que je dois traverser le fleuve, soit au moins 2 fois par semaine. C'est une pause d'une quinzaine de minutes, qui est souvent l'occasion de contempler la beauté du fleuve et la vie sur et au bord du fleuve, sans compter les ciels extraordinaires au couché et au levé du soleil. J'ai pris la photo ci-contre un dimanche matin vers 6h alors que je me rendais sur la rive gauche du Mékong pour célébrer les messes dominicales.

 

Rencontre des prêtres du diocèse

Mercredi dernier nous avons eu une matinée de rencontre entre les prêtres en activité dans le Vicariat apostolique de Phnom Penh, avec Mgr Olivier Schmitthaeulser. Cette rencontre aurait dû avoir lieu en décembre mais elle avait été annulée du fait des mesures anti covid 19. L'occasion d'une réflexion autour de deux documents du Saint Père : la lettre apostolique Patris corde ("Avec un coeur de Père") publiée à l'occasion du 150e anniversaire de la déclaration de Saint Joseph comme patron de l'Église universelle le 8 décembre dernier, et le message du Saint Père pour la Journée mondiale de la paix du 1er janvier 2021. Mgr Schmitthaeusler nous a invités à utiliser ce message comme base de réflexion pour notre action en équipes pastorales cette année... nous attendons donc la version traduite en khmer pour pouvoir la lire avec les chrétiens de nos équipes pastorales.

 

À Areyksat...

... la semaine a été marquée joyeusement par la célébration des baptêmes de trois bébés (nés en octobre et novembre 2020). L'un d'eux a eu une naissance plus difficile et a été hospitalisé pendant plusieurs semaines après sa naissance, et les parents étaient très heureux de pouvoir le faire baptiser. Je ne crois pas avoir déjà baptisé un bébé aussi petit et qui semble aussi fragile... la prière, qui est toujours très intense au moment où je célèbre des baptêmes, ce fait encore plus forte devant la vulnérabilité d'un tout petit comme celui-ci. 

 

Il y a aussi eu une fête de mariage qui, pendant 2 jours, à occupé la rue principale du village ! Il s'agit du mariage que j'ai célébré à l'église le 14 janvier, et qui n'avait pas eu de banquet ce jour-là... ils se sont bien rattrapés ! Banquet avec musique à fond pendant les deux soirées du mercredi et du jeudi, histoire de pouvoir inviter tout les proches et amis des deux familles. Chaque soir, j'ai eu droit à ma part du festin apportée au presbytère. C'est aussi à ce genre d'occasion que je suis très content d'avoir eu la bonne idée l'an dernier, quand nous sommes allés en Thaïlande pour le voyage du Pape, d'acheter un bon casque à réduction de bruit (Sony WH-1000XM3) ! Malgré la sono envahissante dont les basses font vibrer les fenêtres de mon bureau, je peux quand même m'isoler et continuer à travailler ou à me reposer ! Ça marche aussi très bien quand le niveau des décibels des petits qui jouent sous ma fenêtre deviennent incompatibles avec la concentration (c'est étonnant à quel point de si petits corps peuvent produire autant de bruits, notamment dans les aigües 😁) !

 

La semaine a aussi été marqué par le décès d'une chrétienne d'une quarantaine d'année, à qui j'avais déjà portée le sacrement des malades et la communion à plusieurs reprises. Malade du sida, elle avait été renvoyée à la maison par l'hôpital il y a plusieurs mois car, lui a-t-on dit, on ne pouvait plus rien pour elle. Évidemment, comme sa famille est très pauvre, pas question de soins palliatifs ou quoi que ce soit. On l'a simplement renvoyée mourrir chez elle. Quand je lui ai administré le sacrement des malades, elle a eu une nette amélioration de son état pendant quelques mois, mais ensuite la maladie a reprise le dessus. Son mari est aussi séropositif, mais il semble que leurs enfants soient indemnes. Nous avons fait les prières à domicile pour la mise en bière et, le lendemain matin, nous avons directement fait la procession au cimetière et la mise en terre. La famille n'a pas souhaité une célébration à l'église, ce qui aurait été compliqué puisque au même moment la rue d'accès à l'église était bloquée par la fête de mariage, et aussi j'ai l'impression, parce que la maladie qui l'a emportée est considérée comme honteuse. Nous avons donc prié à la maison et au cimetière, et j'ai célébrée la messe de dimanche à son intention.

 

À Po Thom...

Le rythme semble maintenant pris pour ce qui est de la messe du jeudi à Po Thom : j'ai maintenant une participation régulière, et cela permet aux chrétiens qui le veulent de pouvoir se rassembler et communier à la Parole et au Corps du Christ. Je me fait souvent la réflexion que, paradoxalement, c'est dans un pays où les Catholiques sont une toute petite minorité que j'ai la plus grande participation aux messes de semaines que j'ai jamais connue en 13 ans de ministère. Chaque jour où je célèbre en semaine, j'ai entre 10 et 40 personnes qui viennent à la messe, et c'est vraiment un bonheur. Quand je pense qu'en France il m'était arrivé plusieurs fois de me retrouver seul face à une église vide pour célébrer la messe en semaine... il semble qu'il y a ici chez les Catholiques une faim et une soif de l'Eucharistie, et pas seulement le dimanche !

 

Samedi soir, alors qu'un confrère venait à Areyksat célébrer la messe anticipée du dimanche, nous avons eu à Po Thom la prière mensuelle du chapelet avec le groupe des jeunes et quelques aînés qui vivent à proximité de l'église. Un moment tout simple, aux pieds de Marie (spirituellement et physiquement, car nous sommes assis par terre, en extérieur, devant une grande statue en pierre de la Vierge Marie), pour lui confier nos vies avec leurs joies et leurs peines... un moment de pause bienvenue pour tous et chacun. Cela peut sembler étonnant, mais une chose que j'apprécie c'est que, que je sois là ou pas, ces activités se vivent : quelle joie de sentir une communauté vivante et suffisamment solide pour ne pas être trop dépendante du prêtre. Ils sont heureux quand je suis là, mais si je ne peux pas être là, tout ne s'effondre pas, et c'est vraiment libérant. J'aime pouvoir venir les rejoindre et m'asseoir avec eux et prier avec eux, non pas d'abord comme prêtre mais comme baptisé. Si je suis là, ils me demandent juste de les bénir à la fin, ce qui est aussi toujours une joie !

 

Je vous laisse pour aujourd'hui avec quelques images de ce moment. À la semaine prochaine.

 

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