Chers amis,
Exceptionnellement, la photo qui illustre ce nouvel article ne vient pas du Cambodge. En effet, hier nous célébrions le 150e anniversaire de l'apparition de la Vierge Marie aux enfants du village de Pontmain, en Mayenne, dans le diocèse dont je suis prêtre.
Quand Marie est venue à Pontmain, elle n'est pas venue faire de grands discours (ce n'est pas le genre de la Vierge Marie !) mais elle est venue, comme une maman, réconforter ses enfants qui étaient dans la peine et la détresse : nous étions en pleine guerre franco-prussienne, et les armées ennemies étaient aux portes de Laval (préfecture de la Mayenne). De plus, toutes les familles du village étaient sans nouvelles de leurs jeunes hommes partis au combat... L'inquiétude était immense, au point même que les chrétiens de Pontmain avaient perdu la force même de prier. Et Marie est venue, dans la nuit et le froid, pour redire à ses enfants : "MAIS PRIEZ MES ENFANTS, DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS. MON FILS SE LAISSE TOUCHER". Elle a accompagné la prière de l'assemblée, et elle leur a présenté le Christ en croix, signe et moyen de notre salut, source de notre espérance. Oui, dans tous les moments d'angoisse, n'oublions pas cette invitation de Marie à prier sans relâche, et n'oublions pas non plus que Marie prie avec nous, toujours.
Mariages...
Comme c'est la saison fraîche (nous avons des températures très "froides" pour le Cambodge en ce moment, avec des nuits à 18ºC, voir 14ºC dans les régions montagneuses à la frontière du Vietnam, à l'est du Cambodge), c'est aussi traditionnellement la saison des mariage, qui a été pas mal perturbée par les mesures de protection anti Covid19. Si on veut voir le côté positif de la situation, je crois que cela a été pour certains couples l'occasion d'une réflexion plus profonde, peut-être, sur ce qu'est le mariage. En effet, par la force des choses, la dimension festive et très sociale de la fête de mariage, est passée au second plan, pour mettre en avant la célébration : oui, on ne peut pas faire une grosse fête comme d'habitude, et on la fera sans doute plus tard, mais maintenant, on se prépare et on va vivre notre célébration religieuse, parce que c'est ça le plus important...
Reste que maintenant, les banquets de mariage sont redevenus possible, et j'ai été invité à deux banquets pour des mariages célébrés le 12/12/2020 et le 01/01/2021. J'avais un dîner mardi dernier, et j'en aurai un autre le 31. Ci-dessous quelques images du dîner. Traditionnellement, les banquets de mariage ont lieu en plein air, sous des tentes, avec des tables rondes de 10 personnes. L'entrée est très décorée, et sert de studio photo ! Les invités peuvent prendre la pose avec les mariés, qui ont revêtue leur plus belle tenue (en fait, toutes les tenues de mariage sont généralement louées, que ce soit la robe blanche et les différentes tenues de la mariée, ou les différents costumes du marié). On peut faire plusieurs services (cette fois-ci, les plus anciens étaient invités à 17h, et moi je faisais partie des invités de 18h). Au fur et à mesure que les invités arrivent, on les emmène à une table, et quand la table est complète, on commence à servir. Plusieurs plats se succèdent, et le tout peut durer entre 1h et 2h. Bien entendu, ceux qui veulent peuvent rester plus longtemps ! Les tables ne sont pas forcément composées au hasard, et on va essayer de mettre ensemble des gens qui ont des atomes crochus : j'ai par exemple été mis à une table avec 3 séminaristes... Les invités ont reçu avec leur carton d'invitation une enveloppe qu'ils doivent rapporter avec leur contribution financière, qui est notée dans un registre. En fait, la participation des invités doit normalement au moins couvrir le coût du banquet. C'est généralement "rentable" et la plupart des mariage sont "excédentaire" d'après ce qui m'a été dit. Généralement, le prêtre n'a pas à payer pour le banquet ! Et bien entendu, il y a de la musique (très forte !) avec, ce soir-là, un groupe (DJ qui passe la bande son, chanteur, chanteuse, et danseuses).
Jeudi matin, à 9h, j'ai célébré un autre mariage à Areyksat. Sur la photo ci-contre, les nouveaux mariés posent avec leurs témoins (qui sont deux piliers de la communauté chrétienne). Le jeune marié est chrétien, et la jeune mariée est bouddhiste. Ce qu'il tient dans la main sur la photo, ce n'est pas leur certificat de mariage, mais le certificat de participation à la préparation au mariage, une nouveauté ! Ici, on aime les certificats qu'on peut encadrer et exposer chez soi !
Ce mariage a été célébré en tout petit comité, et sans grosse fête après. Je ne sais pas s'il y en aura une. Pour vous dire, après la célébration, et après les traditionnelle photos posées dans et devant l'église, j'ai eu la surprise de voir le couple revenir frapper à la porte du presbytère une petite heure après, tous les deux avec des habits de "tous les jours", pour venir m'apporter une énorme corbeille de fruits, en cadeau pour la célébration !
Éducation
Une des missions de la paroisse d'Areyksat est aussi d'aider les enfants et les jeunes dans le domaine de l'accès aux études. Nous aidons de différentes façon : pour les petits, nous avons une classe maternelle, ainsi qu'une classe de CP et de CE1. Nous avons aussi un transport scolaire pour emmener et ramener une trentaine d'enfants du village qui étudient à l'école des Frères des Écoles Chrétiennes (Frères de La Salle). Et pour les plus grands (lycéens et étudiants) nous donnons des bourses pour financer tout ou partie des frais de scolarité, ou des cours du soir complémentaires. Pour ces bourses, nous aidons surtout des jeunes de Po Thom et de Kdey Kandal. Un problème important est que pour étudier au collège, et encore plus après, il faut avoir des papiers en règle... ce qui n'est pas le cas pour certains des jeunes d'Areyksat, dont les familles n'ont pas de titre de séjour... Donc les enfants sont condamnés à arrêter leurs études à la fin de l'école primaire (qui accueille les enfants, même sans papiers).
En ce moment, nous nous interrogeons sur la façon dont nous enseignons en maternelle, et j'ai demandé à nos deux institutrices (qui n'ont pas eu de véritable formation, j'ai l'impression) d'aller se former avec les Frères et les enseignantes de l'école de La Salle. Nous allons aussi probablement essayer d'augmenter le nombre d'heures (aujourd'hui ils ne viennent à l'école que 3h par jour, du lundi au samedi). Le défi, c'est l'apprentissage et la maîtrise de la langue khmère, pour des enfants qui baignent dans un milieu où on ne parle au quotidien que vietnamien. Un autre défi, c'est l'apprentissage des règles de vie en commun et de respect des autres et de l'environnement. Je suis assez effaré par le peu d'éducation que reçoivent de nombreux enfants. Et nous sommes interpellés aussi par les remarques des Frères et des enseignants qui accueillent nos enfants dans leur école depuis quelques semaines. Il y a de vrais problèmes de comportement... Donc il va falloir faire quelque chose pour mettre les parents dans le coup et les amener à prendre plus à cœur leur rôle d'éducateur. Pour beaucoup, ce n'est pas simple, et dès qu'on parle d'éducation et d'école, j'ai l'impression qu'ils se sentent un peu largués, car ils n'ont eux-même pas forcément reçu grand chose. Une part non négligeable des parents de ces enfants sont analphabètes, ou n'ont qu'une maîtrise très basique de la lecture et de l'écriture (s'ils savent lire et écrire, c'est le plus souvent en vietnamien, et pas en khmer). Un autre chantier donc !
C'est tout pour aujourd'hui... à la semaine prochaine !
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