Chers amis,
La ville de Phnom Penh se réveille se matin dans une vague de "froid" qui pousse les habitants à sortir les doudounes : rendez-vous compte, au levé du jour il faisait seulement 21°C ! Et au plus chaud de la journée nous ne devrions pas dépasser les 31°C ! C'est l'hiver cambodgien...
La semaine écoulée a été marquée encore une fois par les mesures de prévention contre la diffusion du Covid 19 qui font que nous ne pouvons pas avoir d'activités à plus de 20 personnes... ce qui condamne en pratique les célébrations eucharistiques dominicales... et celles de Noël également. Je reste prêt à toute modification si jamais nous avions la belle surprise d'avoir une autorisation spéciale, mais nous avons peu d'espoir. Comme nous n'avons pas eu de Veillée pascale, il semble bien que nous n'aurons pas non plus de Veillée de Noël ou de messe du jour de Noël cette année.
Découverte d'une nouvelle église
Depuis que Mgr Schmitthaeusler m'a confié la responsabilité des paroisse d'Areyksat, Po Thom-Kdey Kandal, et de la communauté catholique francophone de Phnom Penh, je n'ai plus la même liberté pour parcourir le pays à la rencontre des différentes communautés chrétienne... même à l'intérieur du centre pastoral dont je fais partie ! Jusqu'à la semaine dernière je ne connaissais une de nos implantations, qui ne se situe pourtant qu'à une vingtaine de kilomètres au nord de la paroisse St Joseph... Le P. John qui en a la charge m'a invité à l'accompagner pour une petite visite, et j'ai eu la joie de découvrir cette petite Eglise qui en est à ses balbutiements, puisqu'il n'y a pour l'instant qu'une seule baptisée, mais avec plusieurs jeunes et adultes en cheminement vers le baptême : l'église de Praek Ta Taen (ព្រែកតាទែន). Notre bâtiment a été inauguré en 2018 et il est "multi-fonctions" : à l'étage il y a l'église et deux chambres, et au rez-de-chaussée il y a l'espace pour les activités (école maternelle, catéchèse,...). Vous pouvez voir quelques images ci-dessous.
Si vous vous demandez pourquoi il y a une ambulance devant l'église, c'est qu'il s'agit de notre véhicule ! Une clinique (propriété de chrétiens) nous a fait don d'une vieille ambulance ! Nous y avons enlevé tout le matériel médical (ainsi que la sirène et les gyrophares !) et rajouté deux rangées de sièges, et cela nous fait un mini-bus ! Sur la photo en haut de l'article vous me voyez en compagnie du P. John (missionnaire birman) et de Pahnha (il est salarié du secteur pastoral et gère de nombreux domaines, à la fois sur l'action caritative, la logistique, le suivi de travaux,...).
Funérailles à Areyksat
Cette semaine à Areyksat nous avons eu le décès d'une des anciennes du village : Madalena (Madeleine) qui avait 85 ans, qui avait perdu son mari il y a une quarantaine d'année et qui vivait chez sa fille, à quelques mètres de l'église. Vivre aussi longtemps est relativement rare au Cambodge où l'espérance de vie à la naissance est de 67 ans pour les hommes et 71 ans pour les femmes (contre 80 ans et 86 ans pour la France). Sur mes deux paroisses, c'était seulement la troisième sépulture de l'année...
Plusieurs autres de ses enfants habitent aussi Areyksat (j'avoue n'avoir pas encore fait toutes les connections !). Depuis que je suis arrivé à Areyksat j'avais plusieurs fois déjà porté à Madalena la communion et/ou le sacrement des malades, et plusieurs fois déjà nous pensions qu'elle allait nous quitter. Mercredi, son fils m'a demandé d'aller lui porter l'onction des malades, et quand je suis arrivé une bonne partie de la famille était déjà là. Madalena ne s'alimentait plus depuis presque 1 mois, et elle n'était plus consciente. Elle est décédée dans la nuit de mercredi à jeudi (à Areyksat la cloche de l'église sonne quand un chrétien décède, y compris au milieu de la nuit...) et nous avons fait la prière pour la mise en bière jeudi, et la sépulture à l'église suivie de la mise en terre vendredi matin. Il a fallu demander l'autorisation à la police pour pouvoir faire la messe de funérailles à l'église, mais nous avons pu le faire, avec une trentaine de personnes. En temps normal, l'église aurait été pleine, avec du monde dehors...
À Areyksat nous avons un petit cimetière un peu en-dehors du village, car les chrétiens d'origine vietnamienne, et même les Vietnamiens non chrétiens, ne pratique généralement pas la crémation, mais l'enterrement. Comme vous le voyez aussi sur les photos ci-dessous, notre corbillard est un simple camion (qui sert normalement sur des chantiers) et la couleur du deuil est le blanc (tous les membres de la famille porte un bandeau blanc et parfois une tenue entièrement blanche). Les enfants sont également présents à toutes les étapes : on ne leur cache rien, et le rapport à la mort est bien différent de celui de nos sociétés occidentales. Ici, le défunt est couché sur un lit au milieu de la maison, la mise en bière se fait au milieu de tout le monde, et les enfants sont là. L'autre différence, c'est qu'on prend des photos, de tout : du défunt, des différentes étapes, et aussi on pose près du cercueil ou au cimetière (et parfois on partage ces photos sur les réseaux sociaux)... c'est assez déroutant pour un occidental comme moi !
Je vous partage ci-dessous quelques images et une vidéo du "corbillard" en route entre l'église et le cimetière.
Pour aujourd'hui, ce sera tout... Belles fêtes de la Nativité du Seigneur à chacune et à chacun. Merci de porter dans vos prières l'Église du Cambodge et ses fidèles dont la plupart seront privés de célébrations à Noël.
À la semaine prochaine.
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