Chers amis,
Alors que jusqu'à présent nous étions relativement épargnés par l'épidémie de Covid-19, ces derniers jours sont venus nous rappeler que nous vivions toujours avec une terrible épée de Damoclès au-dessus de la tête. En effet, alors que jusqu'à présent le virus avait toujours été bloqué aux frontières du pays, grâces aux mesures drastiques de quarantaine imposées à tous les visiteurs étrangers et à la suppression des visas touristiques (ce qui a pour effet secondaire de grandement fragiliser tout un pan essentiel de l'économie cambodgienne), nous avons eu la semaine dernière ce qui semble bien être le début d'une transmission communautaire, c'est-à-dire à l'intérieur même du pays.
De nouvelles restrictions temporaires ?
Les écoles ont donc de nouveau été fermées, jusqu'à la rentrée scolaire qui aura lieu en janvier. Seules les classes de 3e et de Terminale sont restées ouvertes pour permettre aux élèves préparant le Brevet et le Bac de continuer à se préparer. Les épreuves du Brevet ont eu lieu le 30/11, et les épreuves du Bac seront vers le 20/12.
Pour toutes les autres activités qui rassemblent du monde, comme les célébrations religieuses, les rassemblements de plus de 20 personnes sont interdits, et même pour moins de 20 personnes nous devons demander une autorisation, et ce normalement jusqu'au 16 décembre. Cela est totalement ingérable pour les paroisses dont j'ai la charge, car si nous célébrons la messe et ouvrons les portes, il y aura tout de suite 50 ou 100 personnes, et nous ne pourrons rien faire pour les empêcher de rentrer... De plus, comment sélectionner dans la foule ceux qui auront le droit d'entrer et ceux qui devront rentrer chez eux ? Car, et c'est nouveau, même pour les personnes qui assisteraient à la messe de l'extérieur de l'église, il ne faut pas dépasser 20 personnes.
Avec les confrères, et en discutant avec les comités paroissiaux, avec aussi l'insistance de l'évêque, nous avons décidé d'annuler les messes pour la période allant jusqu'au 16/12... en espérant que nous pourront reprendre après. Je célèbre donc, soit seul soit avec les religieux et religieuses qui sont sur mes paroisses... C'est vraiment un crève-cœur d'en arriver là, mais nous n'avons pas trouvé d'autre solution qui puisse nous assurer d'être en accord avec la règlementation.
Chaque jour nous avons de nouvelles informations nous indiquant que de nouveaux cas positifs ont été détectés. Un centre commercial, une agence bancaire, un restaurant, un borey (sorte de lotissement fermé)... ont été contaminés... Alors que ce nombre de cas n'avait atteint que 300 entre mars et novembre, ce sont près de 50 nouveaux cas qui ont été détectés la semaine dernière. Les personnes sont maintenues dans un isolement stricte, et on espère que cela va suffire, mais il y a aussi des rumeurs de confinement (qui ont été démenties par le Premier Ministre il y a quelques heures). Cela donne une drôle d'ambiance, avec à la fois la vie qui continue, mais des écoles fermés, des gens qui se méfient et sortent beaucoup moins, des commerces fantômes... Je sais bien que pour ceux qui me lisent depuis la France et ont vécu deux confinements, cela peut sembler anecdotique, mais ici c'est nouveau.
L'autre grande différence, c'est qu'en France, même si tout n'est pas parfait, on peut avoir confiance dans l'infrastructure médicale si on tombe malade. Ici, la plus grande peur est celle d'une épidémie qui pourrait démarrer et devenir très rapidement totalement hors de contrôle. Dans le village d'Areyksat, par exemple, la densité de population est telle, l'impossibilité physique de se confiner, fait que si un cas se déclare dans le village, au moment où il sera diagnostiqué, tout le village sera déjà contaminé !
Temps de l'Avent
Dans ce contexte si particulier, nous voyons arriver Noël avec beaucoup d'inquiétude, car il se pourrait bien que nous devions vivre Noël comme nous avons vécu Pâques... c'est-à-dire sans célébration communautaire. Pour le moment la date du 16/12 est évoquée pour un retour à la situation antérieure, mais qui sait ? Le diocèse a donc repris ses messes quotidiennes diffusées par Facebook et Youtube tous les matins, ainsi que le chapelet tous les soirs... Dimanche j'avais indiqué aux catéchistes de Po Thom qu'ils pouvaient faire caté, car les équipes sont petites, mais comme il n'y avait pas de messes, les parents, et donc les enfants, ne sont pas venus...
Du côté de la Communauté francophone, nous avons maintenu la messe, car l'affluence est rarement très au-delà des 20 personnes, et que nous célébrons dans une salle très discrète et où nous pouvons bien respecter les mesures barrière. Le petit groupe des collégiens s'est retrouvé avant la messe pour parler du temps de l'Avent, préparer la prière universelle et préparer les bougies de l'Avent. La prochaine fois, je leur parlerai de l'histoire de l'église au Cambodge, afin qu'ils sachent un peu mieux dans quel contexte ils vivent. J'ai aussi proposer de vivre un petit pèlerinage début janvier à Areyksat pour offrir la nouvelle année à la Vierge Marie et lui demander de nous guider et de nous protéger. Il semble que cela rencontre un bon écho chez les fidèles. On fera ça le jour de la fête du Baptême de Notre Seigneur.
Vaccination ?
J'ai entendu que plusieurs pays occidentaux, dont la France, planifient d'ors et déjà les phases de vaccination de leur population. Ici, c'est la grande inconnue. Est-ce que nous aurons accès aux vaccins, et si oui dans quelles conditions et dans quels délais...? Aurons-nous accès aux vaccins occidentaux, ou bien aux vaccins chinois ou russes...? Nul ne le sait pour le moment.
Dimanche, je suis allé faire une petite virée au nord d'Areyksat, pour aller voir la situation au niveau du terrain du futur sanctuaire, et faire un peu de tourisme... Voilà quelques images ci-dessous avec entre autre des photos du monument "Win-Win" ("Gagnant-Gagnant") et du chantier du futur grand stade de Phnom Penh (qui doit accueillir les 32e Jeux du Sud-Est Asiatique en 2023). À la semaine prochaine !
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