Chers amis,
80e chronique sur ce blog depuis mon arrivée au Cambodge il y a un an et demi... et cette semaine encore dans un contexte bien particulier !
L'épidémie de Covid19 continue a faire des ravages dans le monde (derniers chiffres mondiaux : 723.775 cas, 34.022 décès, 151.704 personnes guéries), les Français sont toujours confinés, et ici au Cambodge le gouvernement prend peu à peu des mesures pour éviter une épidémie massive. Pour le moment la situation ne se dégrade pas trop vite, et j'espère qu'on va réussir à maîtriser les choses. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, nous n'avons à ce jour officiellement que 103 cas, aucun décès, et déjà 21 personnes guéries. Des médecins chinois sont arrivés ici la semaine dernière pour venir en soutien et en conseil aux équipes locales.
De mon côté, je suis toujours à la paroisse St Joseph à Phnom Penh. Le 25 mars, nous avons la messe de l'Annonciation présidée par notre évêque en direct du Sanctuaire d'Areyksat (vidéo en bas de page, dont la qualité n'est pas extraordinaire, car le réseau internet n'était pas bon), et je suis retourné sur place hier matin pour célébrer la messe dominicale en petit comité (avec 6 religieux et religieuses, et 2 jeunes filles qui vivent chez les sœurs), et donner les salaires pour toutes les personnes qui travaillent sur mes deux paroisses. En effet, je ne voulais pas qu'en cas de confinement ou même de couvre-feu (il en est question), ils se retrouvent sans leur paye du mois.
Intervention sur Radio Fidélité Mayenne
Une journaliste de Radio Fidélité Mayenne m'a demandé de faire un petit témoignage sur la situation au Cambodge actuellement. Je vous partage ci-dessous le texte de mon intervention, et le lien pour aller m'écouter en audio, si vous préférez !
Chers amis et auditeurs de Radio Fidélité Mayenne,
Voilà un petit message du Cambodge où je suis maintenant en mission depuis 1 an 1/2, presque jours pour jours.
Ici la situation sur le front du Covid19 est moins dramatique qu’en France, pour l’instant, puisque nous n’avons officiellement que 98 cas (pour une population de 16 millions d’habitants), et aucun décès. La grande majorité de ces cas sont des cas importés, soit par des touristes (dont une 30aine de touristes français), soit par des fidèles musulmans ayant participé à un rassemblement en Malaisie.
Depuis la semaine dernière, le Gouvernement royal du Cambodge prend des mesures de protection des population, en fermant peu à peu certains lieux : écoles (de la maternelle à l’université), cinémas, karaokés, boîtes de nuit, ainsi que tous les lieux de culte. Les vols internationaux vont être prochainement interdits, et les quelques touristes étrangers encore sur place se précipitent pour rentrer chez eux. Nous n’avons plus la possibilité d’accueillir des groupes dans nos structures, que ce soit pour les messes, les célébrations des sacrements ou des funérailles, les groupes de prière, la catéchèse… Comme en France, nous avons beaucoup recours aux réseaux sociaux pour diffuser chaque jour une messe le matin, et un chapelet l’après-midi.
Pour le moment, nous n’avons pas encore de mesures de confinement ou de couvre-feu, mais les choses vont peut-être évoluer très rapidement en ce sens. Les commerces et les marchés sont encore ouverts, mais pour combien de temps?
Il y a plusieurs sources d’inquiétude :
- Le système de santé cambodgien sera-t-il à la hauteur de l’épreuve ?
- Beaucoup de Cambodgiens n’ont aucune réserves financières, et vivent de petit boulot en gagnant au jour le jour de quoi s’acheter à manger. Dans plusieurs secteurs, les ouvriers sont payés à la journée ou à la semaine. Qu’arrivera-t-il si on doit être confinés et qu’ils ne pourront plus travailler ? Ici, pas d’assurance chômage, et pas de travail signifiera donc plus d’argent.
- Des pans entiers de l’économie, déjà fragile, du Cambodge sont très durement touchés par cette crise, en particulier la confection et le tourisme. Dans un pays qui n’a quasiment aucun système de protection sociale, de nombreux ouvriers et salariés risquent de perdre leur emploi, si ce n’est déjà fait.
Un point positif, c’est que ici nous n’avons pas (jusqu’à présent) de pénuries de gel hydroalcoolique ou de masques chirurgicaux. Il y a 15 jours, la sœur qui travaille avec moi dans l’une de mes paroisses m’avaient forcé à acheter une boîte de masques, et sur le coup je trouvais ça un peu exagéré… mais maintenant je suis bien content de les avoir. Je ne sais pas si c’est utile, en tout cas ici la quasi totalité des gens qui sont dehors en porte… et je fais pareil.
Personnellement, j’essaye de mettre à profit ce temps libre forcé pour continuer à étudier la langue cambodgienne et à essayer d’aider les chrétiens via les réseaux sociaux et les messageries instantanées. Un plaie ici sont les « fake news », les fausses informations, qui circulent d’autant plus vite que le niveau d’éducation scientifique et médical de nombreux Cambodgiens est très faible. La prière des heures et l’eucharistie quotidienne sont aussi des moments particuliers, encore plus que d’habitude, car ils sont célébrés en solitude, mais en communion avec tous. J’ai aussi été très touché par le temps de prière d’hier avec le Pape François. Ce geste de la bénédiction Urbi & Orbi avec le Saint Sacrement… extraordinaire.
D’ici j’essaye de me tenir informer de la situation en France, et je suis uni à vous tous par la prière et la pensée. Bon courage à tous et gardons confiance. N’oublions pas ce que la Sainte
Vierge est venue nous dire à Pontmain : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. »
À la semaine prochaine !