Chers amis,
Au moment où j'écris ces lignes, vous qui me lisez de France vivez une situation difficile et inédite, en raison de l'épidémie de coronavirus Covid-19 qui s'étend en France. Hier dimanche, aucune messe publique n'a été célébrée en France, ce qui n'était peut-être jamais arrivé dans l'histoire de notre pays...
Ici au Cambodge, nous en sommes officiellement à 7 cas. Tous les établissements scolaires et universitaires de Phnom Penh (la capitale) et de Siem Reap (la ville d'accès des temples d'Angkor) sont désormais fermés, jusqu'à nouvel ordre. Les gens très nombreux portent des masques (même si on sait que ça ne sert pas à grand chose) et beaucoup s’inquiètent. Le gel hydro-alcoolique devient une denrée rare et difficile à trouver... Je ne sais pas ce que cela va donner à l'avenir, mais je pense que nous allons probablement connaître ici les mêmes mesures qu'en France... ma crainte est que le système de santé cambodgien ne soit pas à la hauteur de la situation (l'accès aux soins est déjà compliqué en temps ordinaire) et que nous ayons beaucoup de victimes ici... espérons et prions !
Rencontre des prêtres du Vicariat apostolique
De lundi soir à mercredi midi nous avons eu une rencontre des prêtres du Vicariat apostolique de Phnom Penh (pour les prêtres en responsabilité dans les paroisses). Nous avons vécu un beau temps de rencontre et de partage, de vie fraternelle, de prière et de partage.
Un premier temps a été consacré à l'étude de l'exhortation apostolique "Querida Amazonia", car même si elle parle de l'Amazonie, le Pape l'a adressée "au peuple de Dieu et à toute les personnes de bonne volonté". Et de fait, le contexte amazonien et le contexte cambodgien se retrouve sur certains aspects, comme par exemple la place des ministres ordonnés, le dialogue avec les autres religions et croyances, le rapport à la culture traditionnelle... Ensuite nous avons accueilli le directeur national de Caritas qui est venu nous parler management et gestion des ressources humaines (plusieurs paroisses ont des salariés)... très intéressant, et ça m'a rappelé de vieux souvenirs ! Nous avons enfin rencontré les responsables de deux services diocésains venus nous présenter les activités et les projets de ces services : service diocésain de la catéchèse et de la Bible, et service diocésain de la santé. Là encore, j'ai été très heureux de constater les compétences et l'engagement des chrétiens de ces services.
Mariage à Po Thom...
Samedi, j'ai célébré un mariage dans l'église de Po Thom, en utilisant le rituel spécialement conçu ici et qui incorpore des éléments symboliques du mariage traditionnel khmer qui se fait habituellement à la maison. Ces rites ont été repris et christianisés, en y mettant un sens chrétien. Certains autres rites n'ont pas été repris. Il s'agissait d'un couple dont le marié est bouddhiste et la mariée chrétienne.
Tout le début de la célébration se déroule comme dans le rituel romain, jusqu'à l'échange des alliances... accueil, liturgie de la Parole, dialogue entre les futurs mariés et le prêtre, échange des consentements, alliances. Après cela il y a un rite qui consiste à faire tourner 3 fois autour du couple 3 chandelles : les proches entourent les mariés et les chandelles passent de mains en mains. Ces chandelles sont allumées par le prêtre au cierge pascal, et la prière qui accompagne ce geste fait référence au Christ Lumière de nos vies. Après, il y a la prière universelle, puis un rite supplémentaire : on dépose une épée sur les mains jointes des nouveaux époux, et les proches viennent nouer des petits fils de couleur jaune ou rouge aux poignets des mariés. Ces petits fils sont imprégnés d'eau bénite. La prière qui accompagne ce rite fait référence à la nouvelle responsabilité d'époux et de parents dans cette nouvelle famille qui vient d'être créée. L'épée est le symbole de la protection que les époux doivent assurer conjointement sur leur nouvelle famille. Les petits fils sont quant à eux le symbole de la prière et de la bénédiction des proches envers les nouveaux époux.
Pour tout vous dire, je suis ressorti de cette célébration avec un sentiment mitigé, et il me faudra prendre un peu de recule, car tout ne s'est pas vraiment bien passé. Du point de vue du rituel, il me semble compliqué, et je ne suis pas bien sûr que les fidèles comprennent ce qui se passe ni le sens de tout cela. étant moi-même "débutant", j'ai eu plusieurs fois l'impression que même les chrétiens d'un certain âge ne savais pas trop ce qui se passait. Autre difficulté, la cérémonie en elle-même... J'avais compris que la famille de la mariée (la partie chrétienne) était "compliquée", mais là j'ai été servi ! Alors que j'étais sur place 45 minutes avant le début de la cérémonie, la mère de la mariée est arrivée, elle, avec 45 minutes de retard par rapport à l'heure prévue !!! Madame était allée faire des courses pour le repas !!! Le matin même du mariage ! Je n'ai pas eu un mot d'excuse de sa part... Ensuite les choses se sont déroulée plutôt bien, mais j'ai commis une erreur : avant le rituel de l'épée, la mariée m'a fait signe qu'elle devait se retirer... J'ai dû attendre 15 minutes dans l'église pour voir revenir le jeune couple... qui s'était changé ! En plein milieu du mariage ! Vous verrez sur les photos qu'ils n'ont pas les mêmes vêtements à la fin qu'au début... bien entendu, ils ne m'avaient rien expliqué avant.
Autre erreur de ma part : la famille de la mariée m'avait demandé s'ils pouvaient utiliser le terrain de l'église pour le repas du mariage. Ici, pas de salle des fêtes, on installe un grand barnum là où on peut (souvent sur la route en utilisant une voie de circulation et demie). Comme nous avons un grand terrain, j'ai accepté en leur disant bien de ne rien commencer avant 9h, qui est l'heure de la fin de la messe, puisque le repas devait avoir lieu dimanche... Malgré les promesses, en arrivant à l'église hier matin à 7h30, j'ai découvert que la noce avait déjà commencé, des invités étaient attablés et sur la scène des chanteuses et danseuses étaient en train de divertir les invités ! J'ai dû batailler pour tout faire cesser le temps de la messe ! Et ce matin j'apprends qu'en fin de journée les choses ont dégénéré avec certains invités qui étaient souls... tout cela entre l'église, les salles de caté, et le columbarium ! J'ai fait l'erreur de croire qu'une noce pouvait se tenir là sans que cela porte préjudice à l'église... j'ai eu tort ! Donc, première et dernière fois que j'autorise ce genre de choses.
On touche là aussi du doigt une difficulté de l'exercice de l'autorité ici : quand la famille m'a demandé cette autorisation, j'ai été plutôt spontanément enclin à accepter... et les personnes à qui j'ai demandé leur avis l'ont senti, et elles sont donc allé dans mon sens... même si avec le recul je me rends compte que certains savaient bien que c'étaient une mauvaise idée... mais ils n'ont pas voulut me contredire...
Bref, une expérience en demi-teinte, mais que je suis malgré tout content d'avoir vécu ! Et je ne souhaite que du bonheur aux nouveaux époux !
À la semaine prochaine.