Chers amis,
Mardi dernier, cela a fait 6 mois que je suis arrivé au Cambodge… Déjà 6 mois ! Le temps passe à une vitesse folle, et j'ai l'impression que c'était hier que je quittais la France...
Cette dernière semaine a été plus calme : pas d'inauguration d'église, pas de grande célébration… juste la simple vie d'une paroisse, et les (longues) heures d'étude.
Aujourd'hui, je vais partager avec vous autour de quelques sujets : la question climatique, les 24h pour Dieu, et ma visite à l'Ambassade de France à Phnom Penh.
La question climatique et les problèmes concrets
D'après les spécialistes, le Cambodge fait partie des pays les plus sensibles au problème du réchauffement climatique. En effet, traditionnellement, le climat cambodgien est très favorable, et permet aux paysans de faire 2, voir 3 récoltes de riz au cours d'une seule année. Il y a habituellement une récolte de riz de saison sèche, et une récolte de riz de saison humide. Hors, ces dernières années, il y a eu plusieurs fois des sécheresses qui ont empêché la récolte de saison sèche. C'est le cas cette année : le pays a abordé la saison sèche avec un déficit hydrique important, qui empêche l'irrigation. De nombreux paysans vont ainsi perdre 50% de leurs revenus, et cela va être dramatique pour des familles qui n'ont pas forcément beaucoup de réserves. Sans doute que l'Eglise et Caritas vont mettre en place des actions pour venir en aide à ces familles, car bien entendu, il n'y a rien à attendre du côté de l'Etat...
De plus, une grande partie de la production d'électricité au Cambodge est fournie par des barrages hydro-électrique. Le déficit en eau est tel ces dernières semaines qu'il est nécessaire d'opérer des coupures électriques de grande ampleur pour gérer la pénurie. Le déficit est de 400 mégawatts, et concrètement, à la paroisse, nous avons des coupures d'électricité presque tous les jours, de 13h à 17h. Nous disposons d'un générateur, mais nous ne le mettons pas en route systématiquement, car il faut l'alimenter à l'essence, et cela peut revenir à cher. Il semblerait qu'un bateau-centrale électrique turc doive arriver prochainement au Cambodge pour permettre de pallier à ce problème.
24h pour Dieu
En réponse à l'appel du Pape François, depuis plusieurs années, l'Eglise catholique au Cambodge organise 24h de prière au cours du week-end du 4e dimanche de Carême. Pour le Vicariat apostolique de Phnom Penh, qui est découpé en 9 secteurs pastoraux, les 24h ont été organisées à l'échelle de ces secteurs pastoraux. Ainsi, pour celui où je me trouve (Phnom Penh Nord), ce sont les chrétiens de 5 églises qui se sont relayées pour prier devant le Saint Sacrement, et vivre pour certains le sacrement de la réconciliation. Ici, il n'y a pas vraiment de "célébrations pénitentielles", et encore moins d'absolutions collectives ! Les chrétiens ont plutôt l'habitude de se confesser personnellement au prêtre avant la messe dominicale : cela implique que le prêtres se rende disponible près une trentaine de minutes avant la messe… et cela déborde aussi, et fait que la messe commence avec 5 ou 10 minutes de retard (en tout cas dans la paroisse où je suis) !
Visite à l'Ambassade de France
Ce samedi 30 mars, les portes de l'Ambassade de France étaient ouverte pour le "Marché français", qui venait ainsi clôturer la Quinzaine française au Cambodge. Organisé conjointement par l'Ambassade de France, la Chambre de commerce et d'industrie France-Cambodge et l'Institut Français du Cambodge, cette opération de communication a attiré des milliers de visiteurs, notamment de nombreux jeunes Cambodgiens, dont certains étudient la langue française. Des stands présentaient différentes entreprises et commerces français présents au Cambodge. J'y suis passé, non seulement pour découvrir ces entreprises, mais aussi pour pouvoir visiter le parc de l'Ambassade qui était exceptionnellement ouvert au public.
Ce parc est l'un, sinon le plus grand espace vert de la ville. En effet, il n'y a quasiment pas de jardins publics, et c'est seulement dans l'enceinte du Palais royal et de certains bâtiment public qu'on trouve des parcs. Le manque de "poumons verts" se fait vraiment de plus en plus sentir, au regard en particulier d'une urbanisation galopante et anarchique. Je vous partage ci-dessous quelques photos et vidéos de cette visite. Le parc de l'Ambassade est également un lieu de mémoire, car s'y trouve les pierres tombales qui ont été récupérées après la destruction par les Khmers rouges du cimetière français qui se trouvait à proximité, et l'ancien portail de l'Ambassade.
Ces quelques pierres tombales sont tout ce qui reste du cimetière français qui se trouvait à proximité de l'Ambassade. Tout comme le Monument aux Morts de la 1ère guerre mondiale (où des soldats indochinois sont mort pour la France), qui était lui aussi juste à côté, ce cimetière a été détruit par les Khmers rouges, qui ont passé le bulldozer et "labouré" les tombes...
Dans le fond du parc de l'Ambassade de France, un "monument" très émouvant : l'ancien portail de l'Ambassade, celui qui était en place en avril 1975 quand les Khmers rouges ont pris la ville. Nombreux sont ceux qui ont trouvé refuge à l'intérieur de l'Ambassade de France, mais nombreux aussi sont ceux qui n'ont pas pu entrer ou qui ont dû sortir : les Khmers rouges ne reconnaissaient pas l'extraterritorialité, et ont exigé que leur soient livrés des Cambodgiens qui s'étaient réfugiés à l'intérieur. Des conjoints de Français ou de Françaises, des dignitaires du régime précédent… ont franchi ce portail pour disparaître à tout jamais. La pierre commémorative porte le message suivant : "Du 17 avril au 26 mai 1975, cette grille du portail qui clôturait l'Ambassade de France au Cambodge s'est ouverte puis refermée sur une douleur indicible et sur la mort de millions de Khmers."