Chers amis,
Nous sommes donc entrés la semaine dernière dans le temps du Carême. Comme souvent, le fait de vivre ce temps dans un autre pays, avec d'autres repères culturels, me donne de revisiter un peu ma façon de vivre ma foi. Ici, des éléments "annexes" au Carême n'existent pas (Mardi Gras, carnavals...), et personne dans les médias pour évoquer ce temps si important pour les chrétiens ! Il faut rappeler qu'au Cambodge, il y a 0,1 % de Catholiques !
La semaine qui vient de s'écouler a donc été placée sous le signe de cette entrée en Carême, avec la messe du Mercredi des Cendres, la messe du 1er dimanche de Carême avec l'appel décisif des catéchumènes qui seront baptisés à Pâques, mais aussi, sous le signe de la détente, puisque vendredi, à l'occasion de la Journée internationale des Femmes, jour férié au Cambodge, j'ai pris ma moto pour aller (re)découvrir le site d'Oudong, à une trentaine de kilomètres au nord de Phnom Penh.
Redécouverte d'Oudong
Oudong est une des anciennes capitales du Royaume du Cambodge, principalement au XVIIe siècle. C'est aussi là que le traité de protectorat entre la France et le Cambodge a été signé en 1863. Totalement abandonnée depuis le XIXe siècle, au profit de Phnom Penh, et ravagée par les bombardements américains et les Khmers rouges, il ne reste plus sur la colline de Oudong que quelques stupas des XVIIe et XIXe siècles, ainsi qu'un dernier, construit par le roi Norodom Sihanouk et inauguré en 2002. Ces stupas sont les lieux de sépultures d'anciens rois du Cambodge, et, pour le plus récent, des parents et grands-parents du roi Sihanouk. Il renferme également une relique d'une dent du Bouddha. Au Cambodge, les défunts sont généralement incinérés, puis les cendres sont conservées dans un monument (stupa) situé sur le terrain d'une pagode. Un même stupa peut accueillir les urnes de plusieurs personnes.
Oudong est une destination de promenade pour beaucoup de Cambodgiens, particulièrement pendant les jours fériés. C'est aussi à Oudong qu'ont lieu certaines cérémonies bouddhiques à l'occasion des grandes fêtes du calendrier. On vient à Oudong pour vénérer les rois du passé, prier le Bouddha en faisant des offrandes d'encens, de fleurs... C'est aussi l'occasion de se faire prendre en photo ou de faire des selfies ! Après les dévotions, on prend le temps de manger un petit quelque chose ou de faire un peu de shopping dans le petit marché qui se trouve au pied de la colline. Il faut faire attention aux singes qui sont très nombreux sur le site, car ces derniers ont bien compris comment tirer profit de la présence des humains ! La plupart sont capable de dévisser le bouchon d'une bouteille d'eau, mais aussi de subtiliser ce que vous pouvez avoir dans vos poches ! J'en ai vu un arracher des mains d'une petite vieille dame des fleurs qu'elle voulait offrir à Bouddha... elles ont terminé dans l'estomac du singe ! De plus, ces singes sont pour certains porteurs de parasites et de différentes maladies donc... ne pas trop s'en approcher !
Si je parle de redécouverte, c'est que j'avais déjà visité Oudong pendant ma coopération, mais que je n'y étais pas retourné depuis longtemps, et que je n'avais par exemple aucun souvenir du nouveau stupa. Accéder au sommet de la colline se mérite, car il y a environ 300 marches très raides à monter. Mais une fois au sommet, on a une vue à 360° sur la campagne cambodgienne. Dans les photos ci-dessous, vous aurez une petite idée de cette vue, en même temps qu'une vision de ce qu'est la campagne cambodgienne en saison sèche. Une bonne partie du paysage est sous les eaux à la saison des pluies, alors que nous avons en ce moment des rizières asséchées.
Avec les catéchumènes du diocèse
Ce week-end avait lieu au centre pastoral Saint Pierre & Saint Paul (qui fait office de cathédrale) une récollection pour les catéchumènes de tout le Vicariat apostolique qui seront baptisés à Pâques. Ils se sont retrouvé le samedi matin pour une journée d'enseignement et de prière (avec une veillée d'adoration au son des chants de Taizé, dont un bon nombre ont été traduits en khmer), avec Mgr Olivier Schmitthaeusler, et le dimanche matin a eu lieu le rite de l'appel décisif des catéchumènes au cours de la messe dominicale.
Cette année, ce sont 154 catéchumènes qui recevront le baptême dans le Vicariat apostolique de Phnom Penh. La doyenne a 74 ans ! Quelle joie d'accueillir toutes ces personnes qui cheminent pour certaines depuis plusieurs années et qui ont maintenant fait le pas de demander le baptême. Un confrère me partageait sa joie d'avoir 5 catéchumènes issus d'un lieu où il va depuis plusieurs années, et ou il n'y a eu jusqu'à présent aucun baptême... Un patient travail qui peu à peu porte des fruits... Généralement, les catéchumènes font le choix d'un prénom chrétien à l'occasion de leur demande de baptême. Beaucoup choisissent les mêmes saints patrons : Marie, Joseph, Thérèse, Pierre, Paul... tiennent la tête... mais on voit aussi des choix de prénoms liés à la présence de l'un ou l'autre missionnaire. Ainsi, plusieurs jeunes seront baptisés "Olivier" !
Au cours de la célébration, les 154 catéchumènes ont eu leur nom inscrit, et ils ont marqué leur adhésion en apposant leur emprunte digitale sur la page du registre. Cela se fait beaucoup ici, car nombreux sont les Cambodgiens qui ne savent pas écrire. Moi-même, quand j'ai acheté ma moto, j'ai dû apposer mon emprunte digitale sur le contrat de vente ! Ils ont aussi reçu un rosaire des mains de l'évêque, et une écharpe violette (cf. photos ci-dessous). Après le rite, les catéchumènes ont été "renvoyés" avant le début de la liturgie de l'eucharistie, pour un temps de catéchèse avec leurs animateurs, et ils sont revenus pour la bénédiction finale. Le week-end s'est conclu par le déjeuner.
Samedi en fin d'après-midi, j'ai remplacé le P. Bob pour la messe francophone... ça me permet de ne pas oublier comment célébrer en français !
Je vous laisse en vous souhaitant à tous une bonne semaine, une belle entrée en Carême !
"Aujourd'hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur."