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#017 Lundi matin 14/01/2019

Vue du pont métallique qui enjambe le Tonlé Sap pour relier Phnom Penh à Chrui Changvar, et de quelques maisons flottantes.
Vue du pont métallique qui enjambe le Tonlé Sap pour relier Phnom Penh à Chrui Changvar, et de quelques maisons flottantes.

Bonjour à tous,

 

Quelques mots ce matin pour vous donner quelques nouvelles sur la semaine écoulée. Au passage, merci à celles et ceux qui viennent lire ce que je vous partage, et qui ont la gentillesse de me le dire !

 

Cette semaine, je retiens principalement trois faits marquants : les retrouvailles avec Vivien, mes premières messes de semaines célébrées entièrement (ou presque) en khmer, et ma première "tournée" de visites à domicile pour porter la communion aux malades de la paroisse.

Avec Vivien et Cristina.
Avec Vivien et Cristina.

Retrouvailles avec Vivien

Quand je suis venu au Cambodge comme coopérant fin 1997, nous étions trois jeunes français envoyés par la DCC pour servir l'Église du Cambodge : Hervé, Vivien et moi. Hervé a travaillé d'abord à Battambang, puis à Kompong Cham. Vivien était comme moi basé à Phnom Penh, responsable de la gestion matérielle de la paroisse (bâtiments, approvisionnement, salariés...).

 

Je n'avais pas revu Vivien depuis son mariage en France, au début des années 2000 ! Maintenant il habite à la Réunion, et a pris quelques jours de vacances au Cambodge. Quelle joie de se retrouver autour d'un bon dîner, d'une bière ("Angkor Beer", bien entendu, la marque nationale cambodgienne) pour se rappeler les bons souvenirs et partager l'affection que l'on a pour ce pays et ses habitants. Cristina s'est jointe à nous : c'est une amie depuis toutes ces années, laïque missionnaire italienne, qui travaille au Cambodge depuis le milieu des années 1990, principalement dans le milieu du soin aux personnes handicapées, domaine dans lequel elle s'est formé et a développé une grande expertise, ainsi qu'une profonde connaissance du terrain cambodgien.

 

Nous avons tous les trois une vingtaine d'années de plus (quelques kilos de plus aussi !), mais nous avons retrouvé la même chaleur et la même joie toute simple d'être ensemble ! J'aime ces retrouvailles avec ceux qu'on a pas vu depuis longtemps, mais avec qui la conversation redémarre comme si on s'était quitté la veille ! Un très bon moment...

 

Messe de samedi dernier, chapelle St Joseph, 6h du matin (et oui, en semaine à 6h du matin, il y a parfois des servants d'autel !)
Messe de samedi dernier, chapelle St Joseph, 6h du matin (et oui, en semaine à 6h du matin, il y a parfois des servants d'autel !)

Premières messes

Même si j'avais déjà eu l'occasion de présider quelques messes dans la paroisse (moitié en anglais, moitié en khmer), j'ai eu la semaine dernière l'occasion de présider de nouveau l'eucharistie en prononçant cette fois-ci la prière eucharistique et les oraisons en khmer. Il ne manquait donc plus que la proclamation de l'évangile !

 

Je suis très heureux de pouvoir voir ainsi les progrès réalisés dans l'étude du khmer, et notamment l'avantage certain que m'apporte ma connaissance de cette langue apprise pendant ma coopération. En effet, l'étape que je viens de franchir après un peu plus de 3 mois, nécessite au minimum 8 mois d'études pour un confrère qui débarque au Cambodge sans aucune connaissance de la langue.

 

Cela ne va pas sans stress et sans quelques bafouillages, mais dans l'ensemble, avec le nécessaire temps de préparation (notamment pour les parties "mobiles" de la messe qui changent tous les jours), c'est vraiment une joie profonde de pouvoir prier avec les Cambodgiens, dans leur langue.

 

À cela s'ajoute que désormais, que je concélèbre, je peux lire une plus grande partie de la prière eucharistique (pour le moment, je me suis seulement cantonné à la prière eucharistique n°2).

 

En chemin pour porter le Corps du Christ à ses membres souffrants.
En chemin pour porter le Corps du Christ à ses membres souffrants.

Porter la communion aux malades

Tous les samedis matins, deux équipes de laïcs de la paroisse (avec un prêtre quand cela est possible) vont porter la communion aux fidèles âgés et/ou malades qui ne peuvent pas venir à la messe du lendemain. En tout, cela fait une petite vingtaine de personnes (évidemment variable suivant les semaines).

 

Le P. Chatsirei, curé de la paroisse, étant absent cette semaine, on m'a demandé d'assurer ce service. J'avais déjà suivi une de ces "tournées" il y a quelques semaines, mais il m'a fallu cette fois "présider" ! Nous voilà donc partis, en tuk-tuk (petite carriole attelée derrière une moto) avec 3 paroissiennes et le petit-fils de l'une d"elle (par ailleurs, servant d'autel). De 8h30 à 11h, nous avons ainsi visité 8 personnes âgées, dont certaines vivent dans un grand dénuement matériel, mais toutes avec leur famille habitant dans la même maison.

 

Chant, "Je confesse à Dieu", lecture d'un bref passage de l'Écriture, "Notre Père", communion, oraison, chant... Au niveau du rituel, rien de bien différent par rapport à la France ! Cela m'a fait penser à ce beau service rendu avec beaucoup de simplicité et de discrétion par tant de personne dans mon ancienne paroisse de "St Benoît les Rivières" (notamment l'équipe qui va à la maison de retraite du Castelli). Par contre, le contexte matériel est bien différent, car c'est parfois dans des demeures d'une grande simplicité (pour ne pas dire pauvreté, ou même misère) que nous avons apporté le plus grand trésor que nous ayons reçu, le Corps du Christ. Quelle beauté de voir la custode contenant le Corps du Christ posée sur un petit linge blanc, près d'un crucifix, sur la pauvre natte sur laquelle est couchée une vieille femme que l'âge et la maladie empêche de quitter sa pauvre maison... Jésus Eucharistie qui vient à la rencontre de Jésus souffrant dans le corps de l'humanité souffrante...

 

Au passage, je suis retourné dans une maison flottante sur les berges du Tonlé Sap, ce qui m'a permis de bien mesurer la différence de niveau de l'eau, puisque là où maintenant j'ai pu marcher à pieds sec, il y avait encore en octobre plus de deux mètres d'eau ! Étonnant changement de perspective et de paysage ! On comprend aussi pourquoi, pour ceux qui en ont les moyens, les rez-de-chaussé sont entièrement recouvert de carrelage : après l'inondation, c'est plus facile à nettoyer !

 

Un drame vécu en Thaïlande

Pendant dix jours, mon curé est retourné dans son pays, la Thaïlande, pour la retraite annuelle de la Société Missionnaire de Thaïlande et l'ordination presbytérale de deux diacres de cette société. Malheureusement, cette retraite a été bouleversée par un drame survenu mardi dernier : l'un des futurs ordonnés, âgé de 24 ans, est décédé accidentellement dans sa chambre par électrocution. Ce jeune diacre avait au cours de sa formation séjourné au Cambodge et, après son ordination, devait y être envoyé pour rejoindre la mission. 

 

Samedi dernier, son confrère a donc été ordonné prêtre tout seul, et les funérailles seront célébrées demain mardi 15 janvier. Tous les confrères et les chrétiens thaïlandais et cambodgiens qui le connaissaient ont été profondément affectées par cette triste nouvelle. Nous pouvons prier pour lui, sa communauté, et aussi sa maman (veuve depuis l'année dernière).