Une nouvelle semaine s'achève, marquée par la grande fête de Pchum Ben : la fête des défunts, qui est très importante au Cambodge, sans doute la deuxième plus importante fête de l'année après le Nouvel an khmer.
Depuis de nombreuses années déjà, l'Église catholique du Cambodge a obtenu du Saint Siège l'autorisation de célébrer la Commémoration des Fidèles défunts (qui est dans le Calendrier romain le 2 novembre) pendant la fête de Pchum Ben, permettant ainsi aux chrétiens cambodgiens de pouvoir célébrer chrétiennement la mémoire des défunts, en même temps que leurs concitoyens bouddhistes. De plus, nombreux sont les catholiques qui ont dans leur famille des membres bouddhistes : en alignant la fête chrétienne sur le calendrier national (ici le bouddhisme est religion d'état), tout le monde peut faire mémoire des défunts, à sa façon propre, en bénéficiant aussi des trois jours fériés donnés à cette occasion pour permettre aux gens de retourner dans leur lieu d'origine pour se recueillir.
Foyer d'Action Cambodge Handicap
Lundi dernier, je suis allé au foyer de l'association "Action Cambodge Handicap" : un peu sur le principe de l'Arche de Jean Vannier, des personnes adultes handicapées vivent en foyer avec des personnes valides (des Khmères et deux volontaires français). Ils ont une activité professionnelle avec un atelier de confection de confitures et de sirops. Le jour où j'ai visité le foyer, il n'y avait que six des dix-huit résidents, car les autres avaient rejoint leur famille pour Pchum Ben. Ceux qui étaient là sont ceux qui n'ont plus de famille, ou dont les familles ne veulent plus en entendre parler. Une jeune autiste, par exemple, a sa maman en prison : elle a été condamnée à cause des maltraitances qu'elle faisait subir à sa fille handicapée... on parle ici d'actes de barbarie...
Avec les animateurs du foyer et les résidents, nous sommes allés à la pagode voisine pour, comme tous les Cambodgiens, déposer des offrandes et recevoir la bénédiction des moines. Les résidents étaient visiblement très heureux et, malgré leur handicap (lourd pour certains), ils ont tous retrouvé les gestes et les attitudes que l'on doit avoir à la pagode.
Qu'est-ce qu'on fait à la pagode typiquement pour Pchum Ben ? D'abord, on apporte aux moines des offrandes (nourriture, argent, cadeaux usuels tels que savon,...) et on fait des offrandes devant les statues du Bouddha (fleurs, encens...) : pendant cette période, les moines ne quittent pas la pagode pour mendier leur nourriture comme ils le font habituellement (chaque matin, ils sortent mendier leur nourriture, et ils rentrent ensuite pour prendre l'unique repas quotidien). Après les offrandes, les moines et les achars (des laïcs qui animent la prière à la pagode) font des prières et récitent des textes du Bouddha, puis les personnes passent à tour de rôle devant un moine qui dit sur chacune une prière de bénédiction. Vient ensuite le moment du repas des moines qui se fait, pendant cette période, dans la salle de prière. Et une fois que les moines ont fini de manger, la nourriture qui reste est partagée entre les personnes présentes, et ce qui reste après ce deuxième repas, est distribué aux nécessiteux. Nous avons donc, avec tout le groupe, mangé à la pagode !
Commémoration des Fidèles défunts à la paroisse St Joseph
Mardi matin, Mgr Olivier Schmitthaeusler est venu célébrer la messe pour les défunts à la paroisse St Joseph où je réside. C'est une grande messe, suivie par une petite procession et un temps de prière au columbarium de la paroisse où sont conservées les urnes funéraires des paroissiens. En effet, au Cambodge, la plupart des gens sont incinérés. Il y a très peu de cimetières chrétiens (et il n'y en a pas à Phnom Penh). Quand un chrétien décède, après la célébration des funérailles à l'église, on emmène le corps à la pagode d'à côté qui a un crématorium (rudimentaire) et ensuite, on dépose l'urne au columbarium paroissial. C'est aussi au sein de ce columbarium que se trouve la tombe de Mgr Émile Destombes, le prédécesseur de Mgr Schmitthaeusler. C'est avec Mgr Destombes que j'avais eu à travailler pendant ma coopération, et j'étais très ému de me recueillir sur sa tombe en cette grande fête, d'autant plus qu'à quelques mètre se trouve l'urne de Ming Somlay, qui fut ma secrétaire à l'époque.
Après la messe, l'évêque a donc béni le columbarium, et chaque famille a pu venir se recueillir et offrir la fumée des bâtonnets d'encens en hommage à leurs défunts. Et comme à la pagode, une fois la célébration terminée, on a mangé tous ensemble avec la nourriture apportée par les fidèles !
Le reste de la semaine a été occupé par la reprise des cours de khmer et quelques ballades... comme au marché de Toul Tum Poung (surnommé "Marché russe" car il était très fréquenté par les coopérants soviétiques du temps de l'occupation vietnamienne). Ce dimanche matin, après la messe du matin, j'ai assisté à la rentrée du caté paroissial. Je ferai un article au sujet du caté plus tard, quand j'aurai bien compris comment ça fonctionne !
Et en ce mois d'octobre, qui dans l'Église catholique est le mois du Rosaire, j'ai participé à la prière du Chapelet dans une famille du quartier proche de l'église. Chaque jour du mois d'octobre, une famille différente accueille la prière du Chapelet : un petit groupe d'une dizaine de paroissiens vont chez la famille qui a invité et prient avec elle et pour elle.