Ce soir, c'est donc la fin de cette semaine de "transition" entre la France et le Cambodge... dimanche dernier, confirmation à Mayenne, ce matin, confirmation à Phnom Penh, paroisse de L'Enfant-Jésus, dans le quartier de Boeung Tompun...!
Et dès demain matin 8h00, rencontre et première leçon avec mon professeur de Khmer... je retourne à l'école !
Carmel et communion aux malades
Le P. Chatsirey m'a proposé de l'accompagné vendredi et samedi dans ses activités, ce qui m'a permis de passer aussi du temps avec les chrétiens d'ici, notamment certains que j'ai connus il y a 20 ans ! Vendredi matin, levé aux aurores pour aller au Carmel de Phnom Penh (qui est en fait à une trentaine de kilomètres de la paroisse où je réside) célébrer la messe pour les sœurs, qui sont toutes Coréennes, puisque le Carmel de Phnom Penh est une fondation récente du Carmel de Séoul. Pour le moment, il n'y a pas encore de vocation de Carmélites chez les jeunes chrétiennes cambodgiennes.
Après le retour du Carmel, nous sommes allés porter la communion à plusieurs malades ou personnes âgées de la paroisse qui ne peuvent pas venir à la messe dimanche. Tous les 15 jours, deux groupes partent de la paroisse pour aller faire ces visites et rejoindre en tout une douzaine de malades. Chaque groupe est composé d'un prêtre et de deux ou trois fidèles. Certaines maisons sont correctes, mais pour d'autres, c'est vraiment la misère... plongée brutale dans cette réalité du Cambodge... L'avant-dernière personne que nous visitons est un vieux monsieur qui vit dans une maison flottante sur le bord du Mékong. À cause de la montée des eaux due à une saison des pluies particulièrement "généreuse", la partie du village qui est normalement "au sec" est en ce moment sous les eaux : l'eau atteint quasiment le plafond du rez-de-chaussée. Pour les maisons flottantes, pas de problème, mais l'accès en est du coup un peu compliqué puisqu'il faut faire plusieurs dizaines de mètre sur des passerelles branlantes dont je doute, en arrivant, qu'elles soient faites pour un "barang" (un Français en khmer) de 90 kg ! Mais finalement, ça passe, et ça ne casse pas, ni à l'allé, ni au retour !
Pèlerinage à Areyksat et prière du 100e jour
Samedi matin, nous sommes partis en minibus vers la paroisse d'Areyksat qui se trouve juste de l'autre côté du Mékong. Le minibus paroissial était comme souvent conduit par Pou Tri ("Pou" veut dire "oncle" : c'est comme cela qu'on doit appeler un homme qui est plus âgé que soit, mais plus jeune que son propre père) : Pou Tri était déjà très actif dans la paroisse quand j'étais coopérant : chauffeur, sacristain, cérémoniaire... et il l'est toujours.
Après avoir pris le bac pour traverser le Mékong, nous arrivons à Areyksat. Cette paroisse vietnamienne est devenue célèbre parmi les Catholiques du Cambodge et même du Vietnam depuis que deux statues de la Vierge Marie ont été retrouvées "miraculeusement", à quelques années d'intervalle, dans le lit du fleuve par des pêcheurs. Il s'agit de deux statues en fonte, d'origine française, qui avaient probablement été jetées au fleuve au moment des pogroms anti vietnamiens qui avaient émaillés la période de la République khmère (1970-1975) et la guerre civile. L'une est une statue de ND de Lourdes, et l'autre de ND de la Providence. Ces statues ont été installées à deux places d'honneur à proximité de l'église, et c'est maintenant un petit sanctuaire marial où des groupes de toutes les paroisses du diocèse viennent en pèlerinage tout au long de l'année.
Après la prière du chapelet et la messe, nous sommes rentrés sur Phnom Penh pour repartir, après le déjeuner, vers un lieu que je ne connaissais pas : un cimetière chinois, à l'ouest de la ville. En effet, les rites funéraires sont différents suivant les communautés, et pour ce qui est des Cambodgiens d'origine chinoise, ils ont des cimetières dans la campagne, avec des petits monuments très caractéristiques. Si nous sommes allés dans ce cimetière, c'est que l'un des fidèles de la paroisse, d'origine chinoise, est décédé il y a environ 100 jours, et que ici il y a une tradition d'aller se recueillir et prier pour le défunt 100 jours après ses funérailles. Pour la plupart des fidèles de la paroisse, quand ils décèdent, après la sépulture à l'église ils sont incinérés à la pagode bouddhiste voisine (l'Eglise catholique n'a pas de crématorium, et les crématorium laïcs n'existent pas ici) et leurs cendres sont déposés dans une chapelle construite pour cela sur le terrain de la paroisse. Mais pour ce monsieur, il a voulu que ses cendres reposent au cimetière chinois, avec tous les autres membres de sa famille, étant donné qu'il était, je crois, le seul membre de la famille a être devenu chrétien. Tous ensemble nous avons pris le temps d'écouter la Parole de Dieu, et de faire des prières (litanies, prière universelle, chants...), ainsi que de bénir la tombe en l'aspergeant et en y jetant des pétales de fleurs.
Confirmation, et rencontre avec mon évêque
Ce dimanche, c'était donc la confirmation dans une paroisse du sud de la ville de Phnom Penh. À l'invitation de Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh, je me suis joint à la célébration. La Providence a bien fait les choses, me permettant ainsi d'être d'autant plus en communion de prière avec les jeunes de mon ancienne paroisse qui ont aussi été confirmés ce dimanche. Une belle célébration, suivie d'un repas et d'une conversation avec mon évêque désormais, pour ces quelques années.
Cette messe était aussi célébrée à l'intention de Christian des Pallières, fondateur de l'association P.S.E. (Pour un Sourire d'Enfant), décédé il y a 2 ans. Son épouse, Marie-France, était présente, d'autant plus que parmi la vingtaine de confirmands, il y avait 6 jeunes filles prises en charge par P.S.E., dont Marie-France était naturellement la marraine de confirmation !