Avec notre correspondante à Phnom Penh, Juliette Buchez
Au Cambodge, les bureaux de vote ont fermé ce dimanche soir 29 juillet. Le Comité national des élections a annoncé un taux de participation de 82,17% pour ces législatives un peu particulières puisque le principal parti d’opposition a été interdit il y a quelques mois. Les résultats seront annoncés à la mi-août mais le parti au pouvoir, le Parti du peuple cambodgien (PPC), revendique la victoire. Reportage.
La plupart des électeurs se sont rendus aux urnes tôt ce dimanche matin pour éviter la chaleur de l’après-midi. En sortant du bureau de vote, Cheang était fier de montrer son index imprégné d’encre électorale indélébile : «Voilà, mon doigt montre que je suis allé voter.»
Sur Facebook les photos de ces doigts ancrés se sont multipliées toute la journée. Makara a participé aux 6 scrutins législatifs organisés au Cambodge depuis 1993. «Pour moi cette élection est normale. Rien à signaler», dit-elle.
Si 19 candidats se sont opposés au PPC de Hun Sen certains anciens supporteurs du parti d’opposition expliquent n’y avoir vu que des options par défaut voire des candidatures de façade pour légitimer le scrutin.
Veasna conduisait son tuktuk comme à l’habitude aujourd’hui. Il n’est pas allé voter. «J’ai entendu des représentants du gouvernement menacer ceux qui garderaient le doigt propre. Mais si je ne veux pas voter, c’est mon droit. Si beaucoup de gens s’abstiennent et qu’ils sont punis, ça n’est pas juste», commente-t-il.
Reste à savoir si ces abstentionnistes seront effectivement pénalisés par le nouveau gouvernement très certainement dirigé par Hun Sen pour encore cinq années. Elles s’ajouteraient aux 33 ans déjà passés à la tête de l’Etat.
80 % des suffrages pour le parti au pouvoir selon des estimations
Les résultats officiels seront annoncés mi-août, mais les estimations données ce dimanche soir donnent donc une très large victoire au parti du Premier ministre Hun Sen, assuré au minimum d'avoir récolté 80% des suffrages. Sur 125 sièges au Parlement, au moins 100 appartiendraient au Parti du Peuple Cambodgien. Une majorité qui lui permettrait d’apporter des modifications à la Constitution du pays.
Grand absent du scrutin, le principal parti d’opposition dissous en novembre dernier par la Cour suprême. Le CNRP avait emporté 44,5% des suffrages en 2013. Une absence critiquée par les Nations unies et des Etats occidentaux.
Tout comme la dégradation des libertés d’expression ou de rassemblement en amont du scrutin.