Diocèse de Laval | Le Père David Journault part comme missionnaire au Cambodge

Interview par Véronique Larat, publiée le 14/06/2018

 

Le curé de la paroisse St-Benoît-les-Rivières partira en septembre prochain au Cambodge, nommé pour six ans. Il y a 20 ans, c’est là-bas qu’il a reçu l’appel de Dieu pour devenir prêtre. Interview.

Père David Journault, pourquoi partez-vous au Cambodge ?

Père David Journault : Il y a 20 ans, j’y ai passé deux ans comme coopérant, à Phnom-Penh la capitale. C’est là-bas, dans la prière, que j’ai compris que Dieu m’appelait à lui donner ma vie. Je suis revenu en France pour entrer au séminaire. Déjà à ce moment là, j’avais cette conviction que si Dieu voulait de moi, ce serait aussi pour servir l’Église du Cambodge. Ce n’est pas intellectuel pour moi, c’est vraiment un appel que je sens, à accompagner cette Église qui se construit. 300 baptêmes d’adultes, cela vous parle forcément.

Les catholiques du Cambodge sont peu nombreux : 22 000, pour une population de 16 millions d’habitants. 70 prêtres pour trois diocèses, dont 8 Cambodgiens. C’est une Église des premiers apôtres. Je voudrais vivre avec des chrétiens dont j’admire la foi, des gens qui ont risqué leur vie pour devenir chrétiens. Ils sont des confesseurs de la foi extraordinaires.

 

Qu’est-ce que vous allez faire ?

P. D. J : Dans un premier temps, je vais apprendre la langue, le khmer. Je l’ai un peu parlé, mais il faut surtout que je l’écrive. Mon souhait est d’être opérationnel à Noël… ! Pendant ce temps d’apprentissage, je vais aussi m’occuper de la communauté catholique francophone. Plus tard je sera envoyé dans un des trois diocèses.

 

Une question qui revient souvent Père David : vous partez alors que vous êtes si peu nombreux ici. C’est sans regret ?

P. D. J : Vous savez, il y a un appel d’un homme, et une situation d’Église. Ce sont deux choses différentes. C’est une chance à long terme, ça montre qu’un diocèse est toujours capable de donner. Il y a en Mayenne 12 prêtres « fidei donum ». Comme nous a dit notre évêque en mars dernier : on en donne un. 

Après tout, c’est la fréquentation des chrétiens de là-bas qui me vaut cette vocation sacerdotale… je leur dois bien ça, d’aller les servir !

 

Et puis, je pars six ans pour eux, mais j’emmène avec moi tous ceux que j’ai servis et accompagnés ici, mes 420 baptêmes, 219 sépultures, 91 mariages. Oui, je les emmène.

 

Pourquoi maintenant ?

P. D. J : Le temps est venu pour moi. Je suis en fin de mission à St-Benoît , j’ai 43 ans. Ce n’est pas après une autre mission de six ans que je partirai, à 50 ans.

 

Vous quittez le confort, votre moto, vos tweets, Instagram, Facebook… C’est vrai, vous êtes quand même un geek… Cela ne va-t-il pas vous manquer ?

P. D. J : Non, cela ne me fait pas peur. Au contraire, j’ai hâte. Il y a un désir de détachement. J’ai vendu ma moto. Je vais partir avec 70 kg d’affaires, je vais diviser mon “salaire” par deux. Oui, j’attends cette vie simple. Je ne crains pas d’aller dans un presbytère qui sera peut-être une barraque au milieu de la rizière. Me mettre à l’école d’une autre Église qui n’a pas la possibilité d’être dominante… Cela va m’aider à faire la part des choses entre ma foi et ma culture. Oui, ma vie est là-bas dans cette Église neuve.